Le chef de l'État a fustigé en conseil des ministres "des mobilisations violentes qui cherchent la convergence des luttes" et sont "loin des sujets liés à l'enseignement supérieur et à la réforme" engagée par le gouvernement, a rapporté son porte-parole Benjamin Griveaux. M. Macron a évoqué "des manipulations politiques de factions très extérieures à l'université", a-t-il ajouté.
La veille, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait dénoncé "un petit groupe radical qui profite du moment pour se donner une tribune" en se référant à Tolbiac, un des points chauds de la mobilisation contre la réforme l'accès à l'université.
Le président de cette fac parisienne bloquée depuis le 26 mars, Georges Haddad, a annoncé mercredi matin avoir demandé l'intervention des forces de l'ordre pour déloger les étudiants et militants qui occupent le site, une tour de 22 étages.
Une demande qu'il avait déposée lundi, et à laquelle la préfecture de police n'a pas donné suite.
"La décision d'une intervention résulte d'abord d'une appréciation technique qui est de la seule compétence du préfet de police", a-t-on souligné. Mais l'appréciation de l'opportunité d'une opération aussi délicate n'est pas du seul ressort du préfet et engage plus largement les pouvoirs publics.
Tolbiac, qui fait partie de Paris-1 la Sorbonne, est devenu l'un des lieux emblématiques de la mobilisation contre la loi modifiant l'accès à la fac, qui touche plusieurs sites universitaires en France et qui est accusée par ses détracteurs d'instaurer un système de sélection.
L'annonce de Georges Haddad a causé l'émoi sur ce site, déjà théâtre d'échauffourées vendred soir, avant que n'intervienne la mise au point de la préfecture de police.
"On va résister collectivement, on ne va pas présenter nos poignets pour les menottes", assurait devant l'entrée de l'établissement Arthur, 22 ans, étudiant en première année de master d'histoire contemporaine et militant "NPA jeunes".
Bétadine et lunettes de piscine
En prévision d'une possible intervention policière, le collectif baptisé "Paris-1 mobilisée contre Macron et la sélection" signale sur sa page Facebook avoir besoin de "lunettes de piscine, bétadine, pansements larges et casques".
En attendant, une AG de plusieurs centaines de personnes, dont des enseignants, se déroulait mercredi après-midi à Tolbiac pour tenter d'amplifier le mouvement. "L'enjeu, c'est de tout faire pour que les mobilisations convergent", a déclaré Aurélien, de Sud-Education. "Attaquer les étudiants c'est une chose, les cheminots c'est autre chose. Mais les deux à la fois, ça n'a jamais marché", a ajouté Eric Coquerel, député de la France Insoumise, qui était présent à l'AG.
Le président de Panthéon-Sorbonne indiquait mercredi matin avoir demandé le recours à la force après les violences de vendredi soir, dont "la gravité ne permet plus d'assurer la sécurité des personnes". "La ligne rouge a été franchie", déclarait-il dans son message aux étudiants, personnels et enseignants.
Des jeunes casqués, armés notamment de battes de baseball, avaient alors lancé des projectiles contre les occupants du site, où se trouvaient quelque 300 personnes. Six personnes ont été interpellées et seront jugées en septembre.
Des cocktails Molotov ont par ailleurs été découverts dimanche au sein de la tour, conduisant à l'ouverture d'une enquête.
"Le choix de la matraque, ça n'est pas le bon choix quand il s'agit de dialoguer avec la jeunesse française", a estimé Benoît Hamon, fondateur de Génération.s, alors que l'intervention des CRS lundi à l'université de Nanterre a été critiquée.
Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, quatre universités sont entièrement bloquées ou fermées: Jean-Jaurès à Toulouse, Paul-Valéry à Montpellier, Rennes-2 et Paris-8. Neuf sites sont perturbés, ou bloqués, dont Tolbiac (Paris-1), Clignancourt (Paris-4), Censier (Paris-3), ainsi qu'à Nantes, Limoges, Lyon-2...
Une AG à Strasbourg a voté mercredi la fin des blocages et les bâtiments fermés ont rouvert, selon la présidence de l'université.
fmp-burs/ito/jt/jcc
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