"Nous n'avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités et c'était une grosse erreur. C'était mon erreur et je suis désolé", a-t-il dit, la voix marquée par l'émotion.
Il apparaissait pour la première fois devant des parlementaires très remontés contre Facebook sur la protection des données et la manipulation politique. La polémique a pris une tournure retentissante mi-mars avec l'éclatement du scandale Cambridge Analytica.
"La majorité de notre existence, nous nous sommes concentrés sur tout le bien que connecter les gens peut faire (...) Il est évident aujourd'hui que nous n'avons pas fait assez pour empêcher ces outils d'être utilisés de façon malintentionnée", a expliqué le jeune multimilliardaire, qui avait troqué son traditionnel t-shirt gris pour un costume sombre et une cravate bleu ciel.
Il a assuré que sa société était engagée dans "une course aux armements" contre "des gens en Russie dont le travail est de tenter d'exploiter nos systèmes et d'autres systèmes sur internet".
Mise en garde
M. Zuckerberg doit expliquer comment les données de quelque 87 millions d'utilisateurs se sont retrouvées entre les mains de la firme d'analyse de données Cambridge Analytica (CA). Cette dernière a ensuite travaillé pour la campagne du candidat républicain à la présidentielle américaine de 2016, Donald Trump.
Il doit aussi expliquer pourquoi il a attendu 2014 pour décider de limiter l'accès aux données personnelles par les applications tierces, comme celle par laquelle ont transité les informations récupérées par CA.
Le groupe aux plus de deux milliards d'utilisateurs est aussi vilipendé depuis des mois pour avoir servi --comme Google ou Twitter-- d'outil de désinformation et de manipulation politique, orchestrée selon la justice américaine par le Kremlin dans le but de favoriser l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Moscou a toujours nié.
Les parlementaires sont nombreux à se dire décidés à légiférer pour mieux encadrer Facebook et les groupes internet en général. Pour beaucoup, l'heure de rendre des comptes a sonné.
"Si Facebook et les autres réseaux sociaux ne réparent pas ou ne veulent pas réparer les intrusions dans la vie privée, nous le ferons, nous, le Congrès", a mis en garde le sénateur de Floride Bill Nelson.
Tournant dans l'histoire du groupe selon les uns, simple exercice de relations publiques pour les autres, ce témoignage est un test pour le dirigeant, qui peine à se défaire d'une image de "geek" arrogant et peu à l'aise en public.
Il doit aussi entendu mercredi à la Chambre des représentants.
Comme depuis des semaines, il a répété devant les sénateurs avoir péché par "idéalisme" et "optimisme" et détaillé les mesures passées ou à venir pour rectifier les errements d'autrefois. Mardi, il a également assuré que Facebook aurait toujours une version gratuite.
Avant le début de cette première audition, Facebook a annoncé qu'il allait rétribuer les personnes qui signalent une mauvaise utilisation de données personnelles par des applications tierces.
Plainte au Delaware
Regagner la confiance de ses utilisateurs est crucial pour le groupe car son modèle économique est fondé sur l'exploitation des données personnelles, qui permettent aux annonceurs de cibler finement leurs messages publicitaires.
Facebook, qui fait l'objet d'enquêtes et de plaintes tous azimuts des deux côtés de l'Atlantique, a commencé lundi à informer ses utilisateurs dont les données ont pu arriver chez CA.
Parmi les autres annonces récentes: vérifier l'identité des personnes ou organisations diffusant des messages électoraux ou politiques, clarifier les paramètres de confidentialité ou encore collaborer avec des chercheurs indépendants sur son influence dans les élections et la démocratie.
Jusqu'ici, Facebook assure ne pas observer d'impact financier malgré un mouvement appelant les utilisateurs à quitter le réseau social et les inquiétudes d'annonceurs publicitaires. Son action a toutefois chuté de près de 15% à Wall Street depuis la révélation de l'affaire.
Une plainte en nom collectif a été déposée mardi devant un tribunal du Delaware (nord-est) par des utilisateurs américains et britanniques affirmant que le réseau social a "échoué à protéger" les informations personnelles de plus de 80 millions de personnes aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
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