Lundi, au premier jour de l'opération, "ils (les gendarmes, ndlr) ont détruit la bergerie des 100 noms. Aujourd'hui, ils sont en train d'attaquer d'autres lieux agricoles, ils attaquent tous les projets agricoles contrairement à ce qu'ils avaient dit", a considéré Sarah, expulsée lundi du lieu-dit "Les 100 noms".
"Si ce soir, la préfecture ne retire pas ses troupes, c'est la mobilisation générale", a annoncé l'agriculteur "historique" Julien Durand, porte-parole de la principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport.
Au deuxième jour de cette opération massive destinée à déloger les occupants, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport, les affrontements se sont durcis avec "au plus fort de la journée" en face des gendarmes "350 opposants violents, équipés et déterminés à l'affrontement", selon le patron de la gendarmerie, le général Richard Lizurey, sur BFM.
Dix gendarmes et un opposant ont été blessés, selon la préfète de la région Pays de la Loire Nicole Klein. Selon l'équipe médicale des zadistes, une trentaine d'opposants ont été blessés, dont deux blessés graves hospitalisés.
Les heurts ont commencé vers 07H30, un peu plus d'une heure après la reprise des opérations. En début de soirée, des affrontements continuaient encore près de la D281, aux Fosses noires, avec des tirs en continu de grenades lacrymogènes, a constaté un journaliste de l'AFP. Aux "100 noms", détruit lundi, une vingtaine de zadistes récupéraient ce qui pouvait l'être dans les débris de leur maison: photos, linge, livres, meubles, etc.
L'intervention pourrait "durer jusqu'à la fin de la semaine", a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
"Tout détruire"
"Il y a des gens qui n'étaient pas là pour refuser la construction d'un aéroport mais pour refuser toutes les règles de la vie en société, ou en tout cas de la vie en société et dans un Etat de droit", a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe en fin de journée.
"Nous voulons récupérer les terrains pour que des projets agricoles puissent s'y développer, nous le faisons avec beaucoup de maîtrise dans l'emploi de la force mais aussi avec beaucoup de résolution, beaucoup de fermeté", a-t-il dit.
Le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il s'était engagé à éradiquer la "zone de non droit" que constituait la Zad.
Lors d'un point presse à Nantes à 17h00 Nicole Klein a assuré mardi qu'il n'y aurait "pas d'évacuation totale" de la Zad, précisant: "on ne touche pas au bâti". "On ne s'est occupé que des squats, qui étaient des planches".
L'objectif annoncé est "de 30 à 40" sites à démanteler, a-t-elle rappelé. "On ira jusque-là, sauf s'il y a un changement d'objectif".
"Pour moi, la négociation ne peut que continuer. Ce n'est pas une +tabula rasa+", a-t-elle dit lors du point presse, réaffirmant que la main de l'Etat restait tendue. "Le dialogue n'est absolument pas interrompu. Il reprendra, je l'espère, aussi vite que ce sera possible", a-t-elle déclaré ensuite à l'AFP.
Le ministre de l'Intérieur a rappelé avoir donné pour consigne aux forces de l'ordre "la plus grande retenue". "Nous ne voulons pas d'un Rémi Fraisse (un jeune tué par une grenade offensive lors d'affrontements à Sivens en 2014, ndlr)", a-t-il affirmé.
En début d'après-midi mardi, une quinzaine de tracteurs "vigilants" sont arrivés sur la zone pour encercler les Fosses noires, lieu emblématique de la ZAD où plusieurs projets agricoles se sont installés, dont des activités de boulanger et de brasseur déclarées à la MSA comme paysans céréaliers.
"Ils (les gendarmes) continuent à vouloir tout détruire. Les tracteurs vigilants sont là pour protéger tous les lieux de vie", a déclaré à l'AFP Cyril Bouligand, membre de Copain 44, collectif d'organisations agricoles.
Cette opération de grande ampleur prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.
Les forces de l'ordre seront déployées "le temps de s'assurer que la phase de stabilisation soit bien entamée", que "la déconstruction ait lieu et que le déblaiement de cette zone soit mis en œuvre", a insisté le général Lizurey.
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