Seules les assemblées générales (AG) attirent encore du monde sur le campus de cette fac des sciences humaines, dans le quartier du Mirail: les entrées des différents bâtiments sont condamnées par des montagnes de chaises et de tables, et aucun cours ne s'y déroule depuis le début du blocage, le 6 mars.
Et malgré l'approche des partiels de fin d'année, le blocage va se poursuivre : mardi, réunis en assemblée générale, étudiants et personnels en grève l'ont reconduit à une écrasante majorité jusqu'au 30 avril, date d'une prochaine AG.
Ce sont 511 personnes qui ont voté pour, 125 contre (18 abstentions) dans cette faculté qui accueille quelque 30.000 étudiants dont 21.000 à Toulouse, et 800 enseignants chercheurs.
Certes, l'AG du jour a attiré moins de monde qu'au tout début du mouvement: "Mais on est mobilisés depuis longtemps", justifie un orateur à la tribune. "Et, poursuit-il sous les applaudissements, on a montré la voie à suivre" aux autres étudiants, en France, qui à leur tour bloquent leurs facs, à Tolbiac, Strasbourg, Montpellier....
En ligne de mire: la loi sur l'"orientation et la réussite des étudiants" (ORE), dont les grévistes réclament l'abrogation. "Qu'on l'appelle plutôt loi de sélection au lieu de ORE", dit un nouvel orateur de l'AG.
La colère contre le gouvernement ne cesse de monter dans cette université, traditionnellement l'une des plus revendicatrices de France. Ici, on n'a toujours pas digéré "le coup de force" de la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, qui a dissous mi-mars l'ensemble des conseils de l'université. Raisons invoquées: "plusieurs mois de blocage" et "des perturbations graves", comme l'impossibilité pour le conseil d'administration de se réunir, à 5 reprises. Dans la foulée, elle avait nommé un administrateur provisoire, Richard Laganier.
"le même adversaire"
Aujourd'hui, c'est "la police sur les campus" en France qui exaspère: "Le gouvernement a décidé de passer en force", lance Robin, militant de l'Union des étudiants de Toulouse. Son choix ? Des coups de matraque. Mais ça ne fera qu'amplifier le mouvement", prévient-il au micro dans le grand amphi de Jean-Jaurès.
Un amphi qui devait accueillir mardi soir un meeting avec des représentants d'autres secteurs en lutte: cheminots, avocats, salariés du centre hospitalier...
"La convergence des luttes, ce n'est pas qu'un slogan", explique Marina, membre de Solidaires Etudiant.e.s. "La convergence, c'est comprendre qu'on a le même adversaire: Macron", dit cette militante au NPA.
La situation désespère Danilo, un étudiant en histoire de l'art, un des 125 à voter contre le blocage, car les grévistes "ne respectent pas l'envie d'étudier". "Et moi, je n'ai plus de cours depuis plus d'un mois", regrette-t-il auprès de l'AFP, alors que se profilent les examens de fin d'année.
Ces examens "auront lieu quoi qu'il arrive", a assuré mardi devant la presse l'administrateur provisoire, Richard Laganier. Le calendrier est quasiment fixé: première session dans la première quinzaine de juin. Session de rattrapage dans les quinze premiers jours de septembre.
Sous quelle forme ? "Dans certains cas, répond M. Laganier, il peut y avoir du +distanciel+" par voie électronique. Si le travail sur table est requis, et si le blocage de la fac perdure, "on délocalise", affirme-t-il, contre vents et marées.
Le blocage pourrait-il prendre fin avec un vote électronique de la communauté universitaire ? "On travaille à cette solution-là", dit M. Laganier. "Je préférerais qu'on ait une autre issue, y compris un vote en AG", dit-il. "Mais ceux qui ne sont pas en faveur du blocage ne viennent plus".
La décision d'un vote électronique "aurait des conséquences extrêmement graves et ne pourrait en aucun cas permettre une sortie de crise", ont déjà prévenu des syndicats de personnels et d'étudiants de l'université dans une lettre à la ministre de l'Enseignement supérieur.
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