Onze syndicats de tous les métiers du groupe aérien appellent mardi et mercredi à deux nouveaux jours de grève pour réclamer 6% d'augmentation générale de salaires, après des mouvements similaires les 22 février, 23 et 30 mars, 3 et 7 avril.
Air France prévoyait d'assurer 75% de vols mardi, et "près de 70%" mercredi, a indiqué la direction du groupe. Les estimations du taux de grévistes, réalisées à partir des déclarations préalables uniquement (loi Diard), font état d'une mobilisation en hausse chez les pilotes (36,3%, +1 point), les hôtesses et stewards (21,6%, +1,4 pt) et les personnels au sol (15,1%, +2,1 pt).
"L'impact sur le résultat d'exploitation d'Air France des sept jours de grève entre le 22 février et le 11 avril est estimé à 170 millions d'euros", a annoncé mardi la direction à l'occasion de la publication de son trafic en mars.
Les syndicats appellent également à la grève les 17 et 18 avril, ainsi que les 23 et 24 avril.
Lundi, c'est le patron de la SNCF Guillaume Pepy qui avait dénoncé le coût de la mobilisation lancée début avril contre la réforme ferroviaire. Il s'élevait déjà à "une centaine de millions d'euros", selon lui, au quatrième jour d'un mouvement social alternant deux jours de grève et trois jours de travail.
A l'issue de la deuxième séquence de grève, qui s'est achevée à 7H55 mardi, la SNCF prévoyait encore quelques perturbations, notamment en Ile-de-France sur les RER C (trois trains sur 5) et D (2 sur 3).
Le dialogue est au point mort entre le gouvernement et les syndicats (CGT, Unsa, SUD, CFDT), qui ont prévu une mobilisation jusqu'à fin juin.
Voyagistes inquiets
Le directeur général adjoint de la SNCF, Mathias Vicherat, a dit sentir mardi une "volonté de sortie de conflit" avec une "baisse du taux de grévistes", tout en reconnaissant que le taux baissait "très peu" pour les conducteurs et contrôleurs, indispensables au fonctionnement des trains.
C'est dans ce contexte que le débat sur le "nouveau pacte ferroviaire" voulu par le gouvernement se poursuivait à l'Assemblée nationale.
La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a défendu lundi devant les députés une réforme "impérative" et plaidé pour un débat "délesté des fantasmes et des contre-vérités".
Mardi devant les députés LREM, le Premier ministre, Édouard Philippe, a affiché sa fermeté face aux mouvements contre les réformes de l'exécutif, jugeant qu'"il se joue quelque chose de plus large que la réforme ferroviaire", certains attendant "le grand soir" ou "que l'on cède".
Les agences de voyage, qui émettent chaque jour 100.000 billets Air France et SNCF, ont également fait part de leur inquiétude lundi, indiquant faire face à des frais "supérieurs à un million d'euros" début avril en raison des grèves dans l'aérien et le ferroviaire, qui les obligent à réorganiser de multiples trajets.
Chez Air France, l'intersyndicale de pilotes (SNPL, Spaf, Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et de personnels au sol (CGT, FO et Sud), réclame, comme l'Unac qui n'en fait pas partie, une augmentation de 6% des grilles salariales, au titre des efforts passés et des bons résultats de l'entreprise.
La direction réplique que la dynamique de croissance n'est pas assez solide pour accorder de telles revalorisations, qu'elle chiffre à 240 millions d'euros par an.
Elle a décidé d'appliquer en 2018 une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 0,6% au 1er avril et 0,4% au 1er octobre. Avec les augmentations individuelles (1,4% pour les personnels au sol) et l'intéressement (130 millions d'euros), l'entreprise affirme redistribuer "200 millions d'euros" à ses salariés.
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