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Frappes contre une base militaire en Syrie, Paris et Washington démentent

Des missiles ont frappé tôt lundi un aéroport militaire syrien, tuant des combattants prorégime, mais les Etats-Unis et la France ont démenti en être à l'origine pour punir le régime après une attaque chimique présumée sur une ville rebelle.

Frappes contre une base militaire en Syrie, Paris et Washington démentent
Une image prise sur une vidéo de la Défense civile syrienne montre des volontaires aidant des enfants victimes d'une attaque chimique présumée à Douma, le 8 avril 2018 - HO [AFP]

"Plusieurs missiles ont frappé l'aéroport du T-4", également connu sous le nom de Tiyas, dans la province centrale de Homs, a rapporté l'agence de presse officielle syrienne Sana, affirmant qu'"une attaque américaine est soupçonnée" avant de retirer toute référence aux Etats-Unis.

L'origine de la frappe, qui s'est déroulée peu avant l'aube, reste indéterminée. L'aéroport avait été visé en février par Israël, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Contactée lundi par l'AFP, l'armée israélienne a "décliné tout commentaire".

Le Pentagone a rapidement réagi en assurant que ses forces armées "ne mènent pas de frappes aériennes en Syrie". "Ce n'est pas nous", a de son côté déclaré le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Patrik Steiger, à l'AFP.

Les Etats-Unis, mais aussi la France, avaient brandi ces dernières semaines la menace de frappes en Syrie en cas d'attaque chimique, une "ligne rouge" pour Paris dans la guerre qui déchire ce pays depuis plus de sept ans.

Samedi, un groupe rebelle et des secouristes dans la ville insurgée de Douma, proche de Damas, avaient dénoncé une attaque présumée aux "gaz toxiques" ayant fait des dizaines de morts, provoquant un raz-de-marée de condamnations internationales. L'attaque n'a pas été confirmée de sources indépendantes.

Au moins 14 combattants, dont des Iraniens, ont été tués dans la frappe sur l'aéroport du T-4, a rapporté l'OSDH. L'ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie a assuré que la base accueillait des forces iraniennes, russes, mais aussi du mouvement libanais du Hezbollah, les grands alliés au régime de Bachar al-Assad.

L'agence Sana a fait état de morts et de blessés mais sans donner de chiffres.

Un correspondant de l'AFP dans l'est du Liban, voisin d'Israël et de la Syrie et dont l'espace aérien est régulièrement pénétré par l'aviation israélienne quand elle mène des raids en Syrie, a entendu un avion voler en direction de la frontière avec la Syrie, peu après 03H00 du matin (minuit GMT).

"Payer le prix fort"

La frappe est intervenue après un entretien téléphonique entre les président américain Donald Trump et français Emmanuel Macron, qui ont échangé "leurs informations et leurs analyses confirmant l'utilisation d'armes chimiques" à Douma, selon la présidence française.

Les deux hommes se sont prononcés pour "une réponse forte et commune" et entendent tenir le régime de Damas pour responsable "de ses violations continues des droits de l'homme", a rapporté de son côté la Maison Blanche.

Le pouvoir d'Assad a nié toute responsabilité pour l'attaque présumée contre cette ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale. Douma est la dernière poche rebelle qui échappe encore au régime dans cette zone après sa campagne intense de bombardements menée depuis le 18 février qui a tué plus de 1.700 civils.

Il y a un an, Donald Trump avait fait bombarder une base du régime, en représailles à une attaque au gaz sarin qui avait tué quelques jours plus tôt, en avril 2017, plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest).

Dimanche déjà M. Trump, avertissait le régime et ses alliés qu'il faudra en "payer le prix fort". "De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque CHIMIQUE insensée en Syrie", avait-t-il tweeté.

Il a pointé du doigt la "responsabilité" de la Russie et de l'Iran, soutiens indéfectibles du président Assad, qu'il a qualifié "d'animal".

Lundi, la frénésie diplomatique doit se poursuivre. Deux réunions du Conseil de sécurité de l'ONU doivent avoir lieu, la première à 15H30 GMT, réclamée par la France, la seconde, à 19H00 GMT, convoquée par la Russie.

Moscou a mis en garde Washington contre une intervention militaire "pour des prétextes fabriqués" qui pourrait "mener aux plus lourdes conséquences".

Corps enchevêtrés

Les Casques Blancs et l'ONG médicale Syrian American Medical Society (SAMS) ont affirmé dans un communiqué conjoint que 48 personnes avaient péri dans l'attaque aux "gaz toxiques" à Douma.

Ils ont également fait état de "plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants", qui souffrent notamment de "difficultés respiratoires et dégagent "une odeur semblable à celle du chlore".

L'OSDH a indiqué ne pas être en mesure de confirmer cette attaque.

Une vidéo postée par les Casques blancs sur Twitter et présentée comme tournée après l'attaque chimique présumée montre un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d'enfants, allongés à même le sol, de la mousse blanche s'échappant de leur bouche.

"Il y avait de nombreuses personnes en train de suffoquer, certaines sont mortes immédiatement", a indiqué à l'AFP Firas al-Doumi, un secouriste à Douma.

Ces accusations interviennent alors que le régime syrien avait repris vendredi ses bombardements meurtriers sur Douma, tuant près d'une centaine de civils en deux jours selon l'OSDH.

Le pouvoir était déterminé à faire plier le groupe rebelle Jaich al-Islam, dernier encore présent dans la Ghouta orientale, et il a obtenu gain de cause.

L'évacuation vers le nord de la Syrie des rebelles et de leurs familles a commencé dimanche soir, en application d'un accord conclu dans la journée avec Jaich al-Islam, selon Sana.

Grâce à l'appui militaire de Moscou, le régime contrôle déjà plus de la moitié de la Syrie, au prix d'une guerre dévastatrice, qui a fait 350.000 morts.

burx-tgg/iw

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