"A partir de 6h ce matin, sous l'autorité de la préfète de Loire-Atlantique, la gendarmerie nationale débutera une opération d'expulsion des occupants illégaux des terrains de la zone de Notre-Dame-des-Landes", avait annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
"L'opération (...) vient mettre à exécution des décisions de justice pour procéder à l'expulsion des occupants les plus radicaux", précise le ministère. Elle vise à déloger "une centaine" de personnes, et sera maintenue "tant qu'il sera nécessaire", a précisé sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Les accès principaux à la route 281, l'ex-route des chicanes et symbole du "retour à l'état de droit" étaient bloqués par les gendarmes avant 04H00 au nord et dès 03H30 au sud, a constaté l'AFP.
La préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, était sur place.
Des affrontements ont éclaté entre "zadistes" et gendarmes mobiles, qui ont tiré des grenades lacrymogènes et assourdissantes en réponse à des jets de projectiles.
Plusieurs épaves de voitures étaient complètement renversées sur les côtés, sur et au bord de la route, a constaté l'AFP. Des pneus encore fumants et des barricades jonchaient les abords de la zone.
Les journalistes ont été tenus à l'écart une fois l'opération commencée.
Un très important dispositif de gendarmes mobiles a été mobilisé, avec des files de camions stationnés sur un côté de la route, feux allumés sous le brouillard.
"Ça commence", a déclaré une occupante à l'AFP. "Ils font des sommations, ils virent les barricades".
Une première interpellation a eu lieu suite à des tirs de projectiles, selon des sources proches du dossier. Un gendarme a été blessé suite à un tir de fusée et souffre d'un décollement de la rétine, selon le ministère de l'Intérieur.
Appels à résistance
"Ces expulsions sont illégales", a déclaré une occupante de la ZAD se faisant appeler "Camille" à l'AFP. "C'est inacceptable que l'état chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux. On était dans un cadre de négociation apaisé avec la préfecture à la recherche de solutions collectives".
Cette opération de grande ampleur, prévue sur plusieurs jours, doit mobiliser au total vingt-cinq escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2.500 militaires. Elle prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels, et à démanteler certains des 97 squats recensés par les autorités.
La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.
Le 17 janvier, en mettant fin à ce projet vieux de cinquante ans, le Premier ministre Edouard Philippe avait promis de mettre fin à la "zone de non droit" sur la ZAD.
Face à ce qu'ils appellent un "ouragan gouvernemental", les occupants de la ZAD ont prévenu qu'ils mèneraient une "résistance physique et déterminée".
Des appels aux renforts ont été lancés ces derniers jours pour monter des barricades, organiser le ravitaillement en soins et en nourriture, une "force hybride" revendiquée par le mouvement d'occupation.
L'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, a appelé l'État "à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence" et à privilégier "le dialogue", tout en réaffirmant son opposition à d'éventuels blocages des axes routiers par les zadistes.
Ces derniers appellent également à des rassemblements à 18H00 à Nantes et Rennes et à converger dimanche sur la ZAD pour reconstruire les habitats détruits.
L'opération démarrée lundi est la première d'ampleur depuis l'automne 2012. Cette dernière tentative d'évacuation massive des occupants, baptisée "opération César", avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.
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