"La devise de la République, c'est Liberté, Egalité, Fraternité. Ce n'est pas libéralisme, individualisme, bonapartisme", a lancé le président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée, s'exprimant pendant une heure et demie devant plus de mille militants, dont les anciens ministres Jean-Marc Ayrault, Bernard Cazeneuve, Matthias Fekl ou Najat Vallaud-Belkacem.
Dénonçant une "politique de classe" qui a "mis son inventivité au service des plus riches", et une "politique de casse, car ils s'attaquent sans répit au service public", M. Faure a invité ses camarades à rendre hommage au courage "des femmes, des hommes, qui se plient chaque jour en quatre, en dix, en cent, pour remplir leurs missions malgré le manque de moyens".
"Ce mouvement social aux multiples visages, de plus en plus puissant, nous en respectons l'autonomie. Mais nous l'accompagnons, nous le soutenons, nous y participons", a souligné M. Faure, qui avait pris ses distances ces derniers jours avec les tentatives de "front anti-Macron" qui s'élaborent entre Benoît Hamon, le PCF, EELV et les Insoumis en appui du mouvement social.
Très critique vis-à-vis de la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron, M. Faure a dit son opposition à la réforme institutionnelle proposée par le gouvernement, ce "marché de dupes" qui va "affaiblir tous les contre-pouvoirs".
"Je le dis ce matin à Emmanuel Macron: M. le président, si vous voulez avoir un débat sur une refondation de la République, ayez le courage de le faire devant le peuple et avec le peuple", a-t-il déclaré, l'appelant implicitement à un référendum.
"Voilà pourquoi nous nous opposons, parce que nous voulons mettre l'humain d'abord, mais aussi la démocratie partout", a résumé le député de 49 ans, dans un clin d'oeil au nom du programme de Jean-Luc Mélenchon en 2012 ("L'Humain d'abord").
ni Macron ni Mélenchon
Répétant son credo en faveur d'une politique "vraiment de gauche" et "vraiment réaliste", M. Faure a plus discrètement marqué sa différence avec le patron des Insoumis. "Nous faisons de la politique, laissons à d'autres la polémique", a-t-il lancé en assurant que les socialistes ne seraient ni "populistes", ni "dégagistes".
Un positionnement "ni Macron ni Mélenchon" valable sur la scène nationale comme au niveau européen.
"Oui, il y a bien d'autres pro-européens mais ils ne sont pas de gauche, et il y a d'autres forces de gauche mais qui ne sont pas vraiment européennes. Avec les socialistes, la gauche européenne est de retour", a proclamé M. Faure, qui, à l'instar du commissaire européen Pierre Moscovici la veille, s'est dit "eurosocialiste".
"Il ne suffit pas de marcher au son de l'Hymne à la joie pour devenir le réformateur de l'Europe", a ironisé M. Faure, pour qui Emmanuel Macron est "isolé" en Europe et donc "impuissant".
"Nous socialistes, nous sommes membres d'une famille socialiste, celle des socialistes européens", s'est-il félicité, en réaffirmant la volonté du PS d'être "impliqués et proactifs" au sein du Parti socialiste européen.
"Nous organiserons en France avant l'été un grand rassemblement de cette famille politique en partenariat avec le PSE et le groupe au Parlement européen", a-t-il annoncé.
Plaidant pour une Europe "qui protège et qui investit", il a estimé que les Européens devaient "cesser d'être les idiots utiles de la mondialisation"-- reprenant une formule chère à Arnaud Montebourg.
En conclusion, M. Faure a indiqué vouloir ouvrir rapidement quelques chantiers, sur le numérique, et l'écologie --il a au passage rendu hommage à l'action de François Hollande, organisateur de la COP21, mentionnant à cette seule occasion le nom de l'ancien président.
M. Hollande, dont le quinquennat aura finalement été peu débattu au cours de ses deux jours de Congrès, se rappellera la semaine prochaine au souvenir de ses camarades en publiant mercredi ses "Leçons du pouvoir" en 400 pages.
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