La reprise vendredi des bombardements sur Douma est intervenue après l'échec de négociations en vue d'une évacuation du groupe rebelle Jaich al-islam de cette dernière ville qui échappe au contrôle du pouvoir dans la vaste région de la Ghouta orientale.
Les médias officiels syriens ont annoncé une relance des négociations plus tard dimanche, alors que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de plus de 90 civils tués dans les frappes du régime depuis vendredi.
Ces négociations sont parrainées par la Russie, allié indéfectible du président Bachar al-Assad, engagé militairement à ses côtés dans la guerre qui ravage le pays.
Moscou a d'ailleurs pris encore une fois la défense du pouvoir syrien en démentant les accusations des secouristes, des rebelles et de l'opposition syrienne en exil, ainsi que les soupçons des Etats-Unis sur une attaque chimique menée samedi à Douma.
Les médias d'Etat syriens ont eux aussi nié rejetant des "fabrications".
Les Casques Blancs, ces secouristes qui opèrent en zones rebelles en Syrie, ont accusé le régime d'avoir eu recours à des "gaz toxiques" à Douma et donné, sur leur compte Twitter, des bilans contradictoires, évoquant entre 40 et 70 morts.
Dans un communiqué commun avec l'ONG médicale SAMS (Syrian American Medical Society), ils ont en outre fait état de "plus de 500 cas, en majorité des femmes et des enfants", qui présentent "les symptômes d'une exposition à un agent chimique".
Les patients souffrent de "difficultés respiratoires, de "brûlures de la cornée", "une mousse excessive" s'échappe de leur bouche et ils dégageaient "une odeur semblable à celle du chlore", selon le texte.
Moscou "responsable"
L'OSDH, qui a affirmé que "l'aviation du régime a repris dimanche matin ses frappes à Douma" après une brève interruption, a lui indiqué ne pas être en mesure de confirmer une attaque chimique du régime.
Il a évoqué 70 cas de difficultés respiratoires et de suffocation --mais dues selon lui au fait que les civils sont pris au piège dans les sous-sols ou des pièces faiblement ventilées, sans possibilité de sortir et de fuir. Selon l'ONG, 21 personnes, dont neuf enfants, ont péri dans ces conditions.
Le régime Assad a été maintes fois accusé de lancer des attaque au gaz sur des régions rebelles, ce qu'il a toujours nié.
Dimanche, le département d'Etat américain a dénoncé une possible attaque chimique à Douma. "Ces informations, si elles sont confirmées, sont effroyables et exigent une réponse immédiate de la communauté internationale".
"La Russie, avec son soutien sans faille au régime, porte la responsabilité finale de ces attaques brutales", a-t-il ajouté. "La protection apportée par la Russie au régime d'Assad et son échec à empêcher l'utilisation d'armes chimiques en Syrie met en question son engagement à résoudre la crise dans son ensemble".
Fabrications
"Nous démentons fermement cette information" d'attaque chimique, a rétorqué le général russe Youri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, cité par les russes.
"Nous sommes prêts, une fois que Douma sera libérée, à envoyer immédiatement des spécialistes russes en défense nucléaire, chimique et biologique pour recueillir les données qui confirmeront que ces assertions sont montées de toutes pièces", a ajouté le responsable russe.
Les forces gouvernementales ont déjà reconquis 95% des zones rebelles de la Ghouta, à la faveur d'un pilonnage meurtrier initié le 18 février mais aussi d'accords d'évacuation parrainés par la Russie. Quelque 1.600 civils ont péri dans cette offensive.
Le pouvoir justifie son offensive en pointant du doigt les obus et roquettes meurtriers tirés par les insurgés de la Ghouta sur sa capitale.
Plus que jamais, le régime est déterminé à reconquérir toute la Ghouta. Grâce à l'appui militaire de Moscou, il contrôle déjà plus de la moitié du pays, ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts.
En vertu des accords d'évacuation dans la Ghouta, plus de 46.000 combattants et civils ont été contraints de rejoindre par bus Idleb (nord-ouest), une des provinces échappant presque entièrement au régime.
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