Dimanche est une journée de visite privée pour le prince de 32 ans, surnommé "MBS", et son programme reste relativement mystérieux.
Selon une source proche de la délégation saoudienne, il est possible que MBS assiste au concert de clôture du festival de Pâques de la cité méridionale d'Aix-en-Provence, où seront joués Debussy, Robert Schumann et Felix Mendelssohn.
MBS est en pleine offensive de séduction des occidentaux pour projeter une image un peu plus libérale du royaume conservateur au pouvoir autoritaire. Il a déjà visité le Royaume-Uni et vient de passer trois semaines aux Etats-Unis, où le prince a courtisé les chefs d'entreprises et signé une multitude d'accords pour favoriser les investissements dans son pays qu'il veut préparer à l'après-pétrole.
En France, il doit rencontrer Emmanuel Macron mardi pour resserrer les liens d'une relation compliquée entre les deux pays, et alors que l'Arabie saoudite est largement impliquée dans les nombreuses crises qui secouent le Proche-Orient.
A Paris, aucun contrat "mirobolant" n'est attendu. Le président Emmanuel Macron souhaite avant tout établir, selon l'Elysée, une "nouvelle coopération" avec le royaume pétrolier, qui devrait entrer dans une nouvelle phase sociale et économique avec l'arrivée au pouvoir de MBS.
"Il s'agit de forger un nouveau partenariat avec la France, et pas seulement de courir après des contrats", a confirmé à l'AFP une source proche de la délégation saoudienne.
Pour Denis Bauchard, expert du Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "les relations bilatérales ne sont pas bonnes et MBS a eu beaucoup de mal à se laisser convaincre de venir en France".
"MBS est fasciné par les Américains", alors qu'il éprouve "une certaine condescendance vis-à-vis de la France", ajoute-t-il.
Culture, tourisme...
A Paris, l'accent sera mis sur la culture, le tourisme, les investissements d'avenir et les nouvelles technologies, avec notamment une visite lundi du prince héritier à la Station F, l'incubateur de start-ups parisien.
Plus d'une douzaine de protocoles d'accord dans les domaines du tourisme, de l'énergie et des transports doivent être signés, indique une autre source proche de la délégation saoudienne. Un accord de coopération pour le développement d'Al Ula, où se trouvent d'importants vestiges archéologiques, doit être aussi annoncé.
Lors de la rencontre mardi après-midi avec le président Macron, il sera aussi question des crises régionales: la Syrie, l'accord nucléaire iranien, la guerre au Yémen - où Ryad intervient militairement, ou la situation au Liban. Il sera peut être aussi question du Sahel, l'Arabie saoudite étant un contributeur du G5 Sahel, la structure de développement et de sécurité de la région essentielle pour Paris.
M. Macron s'était impliqué personnellement en novembre dans la crise autour du Premier ministre libanais Saad Hariri. Ce dernier, apparemment sous la pression de MBS, avait annoncé sa démission depuis Ryad, où il était resté retenu pendant deux semaines avant de revenir sur sa décision.
"Il y a eu des tensions lorsque MBS aurait tenté de contester le rôle de Macron dans l'épisode Hariri, mais MBS a dû ensuite reculer", affirme Abdullah Alaoudh, un universitaire saoudien de la faculté de droit de Yale (Etats-Unis). "Ce n'est jamais facile pour un autoritaire comme lui d'accepter cela".
Paris souhaite que "le Liban soit aussi stable que possible, ce qui passe inévitablement par un certain accord" avec le mouvement chiite pro-iranien Hezbollah, décrié par les Saoudiens, ajoute Denis Bauchard, alors que Ryad et Téhéran se livrent une lutte d'influence acharnée dans toute la région.
Yemen
Le prince héritier mise sur le resserrement des liens avec le président américain Donald Trump, qui a menacé de se retirer de l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran, faute d'améliorations de ce pacte international avant le 12 mai. M. Macron devrait tenter de convaincre MBS qu'il vaut mieux tenter de sauver un accord.
S'agissant du Yémen, des ONG ont l'intention de se faire entendre pendant la visite de MBS pour que Paris cesse ses exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, régulièrement critiquée pour les bavures dont sont victimes les civils dans ce pays.
Autre épine dans le pied des relations franco-saoudiennes, le mandat d'arrêt émis en décembre par la justice française à l'encontre de la soeur du prince héritier, Hassa, soupçonnée d'avoir donné l'ordre à son garde du corps de frapper un artisan à Paris.
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