En lançant sa dernière tournée en date aux États-Unis, le Ukulele Orchestra of Great Britain a fait sensation auprès de son audience lorsque ses huit joueurs de ukulele ont interprété "Highway to Hell" du groupe AC/DC, tandis que le soliste australien Ben Rouse entonnait les paroles quelque peu modifiées.
"Hey Satan/Paying my dues/Playing in a rocking band" est ainsi devenu "Hey Satan/Paying my dues/Playing in a ukulele band", tandis que les musiciens --en smoking avec noeuds papillon-- brandissaient leur "guitare bonsaï" vers les Cieux en guise de défi.
Interpréter des tubes, avec parfois un effet comique, fait partie des astuces de cet orchestre pour emporter le coeur du public.
Pour quelle raison Jonty Bankes a-t-il choisi cet instrument atypique? "En gros, il est bon marché et assez facile à jouer, donc pour les gens comme nous, c'était une aubaine", répond-il à l'AFP.
L'orchestre a constaté au fil de ses nombreux concerts --notamment au prestigieux Carnegie Hall à New York, au festival de Glastonbury au Royaume-Uni et même au château de Windsor pour les 90 ans de la reine Elizabeth II-- que cette petite guitare exerçait un vrai pouvoir.
"Lorsque vous sortez un ukulélé et que vous commencez à en jouer, les gens sourient", remarque Jonty Bankes. "C'est un instrument rassurant, chaleureux qui crée un peu de bonheur dans le monde entier".
Co-fondé en 1985 par Kitty Lux --décédée l'an dernier à 59 ans--, l'orchestre s'intéressait à l'origine non pas au ukulélé mais à l'irrévérencieuse énergie punk rock, alors en plein déclin.
Une blague?
"Les punks formaient un groupe et jouaient trois accords, si même ils pouvaient jouer trois accords. La même chose s'est produite lorsque (notre) groupe a commencé", explique Leisa Rea, qui a appris la guitare avant le ukulélé.
"Cet instrument était un peu comme une blague, j'imagine, puis nous avons tout inversé. L'esprit punk est toujours présent dans le groupe, selon moi", relève-t-elle. "Nous ne nous prenons pas trop au sérieux. Nous sommes Britanniques donc nous devons avoir un peu de sens de l'humour".
Elle a occupé les devants de la scène pour "Sweet Dreams (Are made of This)" de Eurythmics, un ukulélé à la basse amplifiée donnant le rythme aux sept autres ukulélé aux tessitures différentes.
"C'est une bonne façon de détecter si une chanson est bien. Si on peut la jouer avec un ukulélé, c'est un assez bon signe que c'est une chanson correcte", dit Leisa Rea.
Malgré ses nombreux voyages, l'orchestre ne s'est jamais rendu à Hawaï où est né cet instrument conçu à l'origine d'après une guitare portugaise miniature. Une omission qui n'est pas totalement fortuite.
En effet, il évite de jouer de la musique hawaïenne ainsi que des morceaux de la star britannique du cinéma et fan de ukulélé George Formby, préférant plutôt surprendre son auditoire.
Reste que l'artiste hawaïen Israel Kamakawiwo'ole a contribué à populariser le petit instrument au niveau international avec ses douces mélodies et, en particulier, la reprise de "Somewhere over the rainbow" en 1990.
Des artistes pop, comme le parrain de l'indie rock Stephin Merritt, ont également exploité les nombreuses possibilités du ukulélé.
Son succès est tel qu'il concurrence dans de nombreuses écoles la flûte à bec comme premier instrument choisi par les enfants pour l'apprentissage musical.
"Les gens de moins de 40 ans ne pensent pas que c'est marrant" contrairement à leurs aînés, souligne Dave Suich, membre de l'orchestre. "Ils pensent simplement que vous jouez d'un instrument".
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