Les échanges de menaces sont devenus quasi-quotidiens cette semaine de part et d'autre du Pacifique et les marchés financiers mondiaux évoluaient au gré de la rhétorique. Après avoir limité sa baisse en début de journée, Wall Street accentuait son recul vers 14H50 GMT, abandonnant 1,60% même si les Bourses européennes limitaient leurs pertes peu avant la clôture.
"Si les Etats-Unis ignorent l'opposition de la Chine et de la communauté internationale et persistent dans leurs mesures unilatérales et protectionnistes, la Chine est prête à aller jusqu'au bout, quel qu'en soit le prix", a averti Pékin vendredi après la dernière salve de Donald Trump.
Le président américain a menacé jeudi soir d'imposer de nouveaux tarifs de 100 milliards de dollars sur les importations chinoises, qui s'ajouteraient aux quelque 50 milliards de dollars de taxes déjà brandies le 3 avril par Washington.
"J'ai demandé au ministère du Commerce d'examiner si 100 milliards de dollars supplémentaires de tarifs douaniers seraient adaptés en application de l'article 301 (sur la propriété intellectuelle) et, dans ce cas, d'identifier les produits sur lesquels ils pourraient être imposés", a indiqué le président américain.
Même s'il a clairement décidé de faire monter la pression d'un cran en répondant du tac au tac à Pékin, il ne s'agit pour l'instant que de menaces.
"Rien n'a encore été appliqué", a souligné vendredi son conseiller économique Larry Kudlow, en affirmant "nous verrons. Nous espérons que tout cela finira bien".
Pour autant, il a assuré lors de déclarations à la presse à la Maison Blanche que "nous sommes sérieux sur la question" et qu'il fallait "accuser la Chine, pas Trump", avant de lancer: "le reste du monde est de notre côté".
Un point de vue que ne semble pas partager la Chine qui a appelé de nouveau vendredi l'Union européenne "à agir ensemble".
"La Chine et l'UE ont pour responsabilité de faire respecter l'ordre commercial multilatéral basé sur des règles (...) nous devons agir ensemble", a affirmé l'ambassadeur chinois auprès de l'UE, Zhang Ming,
Le représentant américain au commerce (USTR) Robert Lighthizer a, lui, noté que, comme les mesures de rétorsion commerciale annoncées le 3 avril, il faudrait mener un processus de consultation publique avant de les appliquer ce qui laisse encore le temps aux deux capitales de négocier.
L'USTR dénonce une nouvelle fois des pratiques chinoises qui relèvent, selon les Américains, du pillage de la propriété intellectuelle des entreprises américaines qui veulent travailler en Chine ou y font déjà des affaires.
Les Etats pro-Trump dans le viseur
En réponse à la publication mardi par l'administration Trump d'une liste provisoire de produits importés de Chine susceptibles d'être soumis à de nouveaux droits de douane, Pékin avait répliqué avec une liste visant des produits américains plus stratégiques dont le soja, l'automobile et l'aéronautique pour un montant équivalent aux premières mesures annoncées par Washington.
Pékin a pris soin d'établir sa liste de futurs produits à taxer pour frapper le plus durement possible des régions qui ont voté en faveur de Donald Trump, selon des experts. Une manière d'exercer un maximum de pression sur Donald Trump avant les élections de mi-mandat prévues pour novembre.
La Chine a aussi déposé plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant "les mesures tarifaires visant des produits chinois" que les Etats-Unis entendent mettre en place.
Mais le président américain a affirmé vendredi que "l'OMC est injuste avec les Etats-Unis" et que la Chine y bénéficiait d'un traitement de faveur en raison de son statut "de pays en voie de développement".
Mobilisation internationale
La Chine est particulièrement dans le collimateur de Donald Trump qui fait de la lutte contre le déficit commercial américain sa priorité.
Il a atteint 375,2 milliards de dollars vis-à-vis de Pékin en 2017 et le président a demandé aux responsables chinois de prendre des mesures pour le réduire de 100 milliards de dollars.
Les derniers chiffres américains publiés jeudi montrent que depuis le début de l'année, le déficit bilatéral sur le négoce de biens a encore augmenté de plus de 20%.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, en visite à Moscou jeudi, avait déjà appelé à la mobilisation internationale contre Washington.
"La communauté internationale doit s'opposer dans son ensemble à de telles actions unilatérales et violations des règles, défendre dans son ensemble la croissance de l'économie mondiale et aider ceux qui pensent que tout leur est permis à retrouver le bon sens", a déclaré Wang Yi.
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