Des manifestants ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens postés à la barrière de sécurité séparant les deux territoires, selon des correspondants de l'AFP sur place. Les militaires ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes et des balles réelles.
Des centaines de Palestiniens étaient rassemblés près de la barrière à l'est de la ville de Khan Younès, dans l'enclave palestinienne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, ennemi juré de l'Etat hébreu.
"Je tomberai en martyr aujourd'hui. Je traverserai la frontière", a lancé Ahmed Abou Ghali, 20 ans, en montrant sa blessure qui a nécessité 20 points de suture, infligée lors des protestations le 30 mars. "J'ai été blessé mais j'ai réussi à fuir l'hôpital".
Certains jeunes Palestiniens ont collecté ces derniers jours de nombreux pneus pour les faire brûler et empêcher ainsi les tireurs israéliens de les voir distinctement. Mais les soldats ont installé un énorme ventilateur de quelque deux mètres de haut avec l'objectif apparent de dissiper la fumée.
Avec les Palestiniens qui continuent d'affluer, une nouvelle flambée de violences meurtrière est à craindre, surtout qu'Israël a prévenu que les consignes de tir resteraient les même que celles données le 30 mars, la journée la plus meurtrière depuis la guerre en 2014 entre Israël et le Hamas avec la mort de 19 Palestiniens.
Ce jour-là, les manifestants protestaient pour réclamer le retour des réfugiés qui avaient fui leurs terres lors de la création de l'Etat d'Israël, et la fin du blocus de Gaza par Israël.
"N'approchez pas de la barrière"
Malgré les critiques de l'ONU et de l'Union européenne, qui ont réclamé une "enquête indépendante" sur l'usage par Israël de balles réelles, les responsables israéliens ont refusé de modifier les consignes de tir.
"S'il y a des provocations, il y aura une réaction des plus dures comme la semaine dernière. Nous n'avons pas l'intention de changer les consignes de tir, nous restons sur la même ligne", a prévenu le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman.
S'inquiétant de nouvelles victimes, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé les forces israéliennes à la "retenue maximale" et les Palestiniens à éviter les frictions.
L'émissaire du président américain Donald Trump pour le Proche-Orient, Jason Greenblatt, a lui demandé aux manifestants de ne "pas s'approcher de la barrière".
"Nous condamnons les leaders et les manifestants qui appellent à la violence ou envoient des manifestants -y compris des enfants- vers la barrière, sachant qu'ils pourraient être blessés ou tués", a-t-il ajouté.
Le 30 mars, des dizaines de milliers de Palestiniens avaient afflué près de la barrière de sécurité, la plupart de manière pacifique, au premier jour de "la marche du retour". De petits groupes s'étaient approchés de la barrière israélienne jetant pierres et cocktails molotovs vers les soldats. La protestation, qui doit durer six semaines, vise à réclamer "le droit au retour" de quelque 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël en 1948.
Après les affrontements meurtriers, les organisateurs palestiniens avaient indiqué qu'ils tenteraient d'empêcher les petits groupes de protestataires de faire rouler des pneus enflammés ou jeter des pierres vers les tireurs d'élite israéliens. Mais cela n'a apparemment pas été possible.
Transfert ambassade américaine
La désespérance dans la bande de Gaza, éprouvée par les guerres, le blocus, la réclusion, la pauvreté et les pénuries, alimente la forte tension et le ressentiment.
Parmi les autres périodes à hauts risques entre Israéliens et Palestiniens figure à la mi-mai le transfert prévu de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Cette décision annoncée en décembre par le président Donald Trump et qui va coïncider avec le 70e anniversaire de la création d'Israël, a ulcéré les Palestiniens. Ces derniers veulent faire de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. L'ONU ne reconnaît pas l'annexion de Jérusalem-Est par Israël.
La proclamation de l'Etat hébreu le 14 mai 1948 est considérée comme une "Nakba" ("catastrophe" en arabe) par les Palestiniens.
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