"Un message pour dire qu'il ne faut jamais affronter ça seul", explique-t-elle à l'AFP.
Q: Pourquoi dévoiler votre enfance dans ce livre ? En décrivant les violences de votre père, souhaitiez-vous transmettre un message ?
R: "Oui, c'est un message. J'espère qu'il y a peu de pères comme le mien, même si on est bien conscient que ça existe. Je voulais dire qu'il ne faut pas rester dans le silence, éviter d'affronter ça seul, essayer de se faire aider par des structures d'accueil pour sortir de ce climat très lourd. Nous, il a fallu un appel à la gendarmerie pour sortir de l'enfer".
Q: Votre enfance est celle d'un long silence. Pourquoi en avoir parlé à si peu de gens ?
R: "Parce qu'on a honte, parce que j'ai eu honte. Parce qu'on inverse peut-être les rôles. Il ne faut pas oublier qu'on est les victimes et non des coupables. A un moment donné, on n'a pas forcément envie de dire, +voilà, regardez ce qu'il se passe dans ma vie. Regardez la vie de merde que j'ai tous les jours, une fois que la porte est fermée+. Ce que je voulais qu'on retienne de moi, c'était ce côté positif grâce au foot, de dire +Marinette, c'est avant tout une joueuse de foot+, avant d'être une enfant violentée verbalement, physiquement, humiliée, c'est avant tout une joueuse de foot".
Q: Vous écrivez que le ballon vous a sauvé la vie...
R: "Le foot m'a clairement sauvée. C'étaient ces moments de décompression sur le terrain avec les copains, les matches, parler d'autres choses que de ce qu'il se passait à la maison. C'était le bonheur. Puis quand on se retrouve devant le seuil de sa maison, on retrouve cette ambiance très lourde. Pas de mots, pas de rires, on se parle tant bien que mal. Comme si tu rentrais chez toi et qu'une chape de plomb te tombait sur la tronche".
Q: Vous racontez un épisode terrible où votre papa abuse de votre grand-mère. Comment avez-vous tenu ?
R: "Soit on lâche prise, on tombe au fond du trou et on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve, soit on avance, on continue de protéger les gens qu'on aime et d'agir comme ma soeur l'a fait, avec le soutien de ma mère. Quand elle (sa soeur) a décroché ce téléphone (pour appeler la gendarmerie, son père sera finalement condamné à dix ans de prison), il fallait un sacré courage".
Q: Qu'est-ce qui vous a donné la force de surmonter tout cela et de faire carrière ?
R: "L'amour de ma mère et de ma soeur. Ensuite, des gens que j'ai rencontrés dans mon parcours. Certes, il y a eu ce qu'il s'est passé chez moi, mais j'ai rencontré des gens fabuleux. Et puis, j'ai rencontré ma femme".
Q: Votre livre parle aussi de l'homosexualité dans le sport. Les mentalités ont-elles évolué dans le football ?
R: "Je pense que ça reste malgré tout un sujet difficile à aborder. Si ma petite voix peut faire quelque chose et faire comprendre à des enfants ou des parents que ce n'est pas une tare d'être attiré par le même sexe... Avant toute chose, on tombe amoureux d'une personne et l'essentiel, c'est que les personnes soient heureuses. Que des enfants ne soient pas exclus ou virés de chez eux quand des parents apprennent leur homosexualité".
Q: Votre fils tient une place importante dans votre livre...
R: "J'ai toujours voulu des enfants. Il fallait juste que je trouve la bonne personne qui allait m'aimer et me supporter toute la vie (rires). On est vraiment très heureuses, même si le parcours a été long, le parcours d'une PMA en Belgique, compliquée, avec des claques dans la figure régulières. Derrière, le bonheur est tellement immense avec la joie et les cris d'enfants à la maison. Même s'il ne faut pas se leurrer, que c'est compliqué, qu'on fait face et qu'il (son fils) devra faire face à certaines remarques. C'est la vie. Mais on avance, on essaye de les protéger avec des vraies convictions, des valeurs, le respect de chaque individu".
*"Ne jamais rien lâcher", Marinette Pichon, First Editions.
Propos recueillis par Adrien de CALAN
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