Recherche, prévention, diagnostic le plus précoce possible et inclusion à l'école sont au coeur de la stratégie du gouvernement pour l'autisme, a expliqué le chef de l'Etat, qui a été hué à son arrivée au CHU de Rouen par 200 manifestants CGT, SUD et CFDT.
Le président, qui effectuait son premier déplacement en province depuis le début de la grève de la SNCF, a passé la matinée avec des soignants, des enfants et des parents lors de sa visite du service spécialisé du CHU et d'une crèche d'avant-garde à Rouen.
Mais il a été rattrapé par les mouvements sociaux, attendu par les manifestants qui chantaient "Macron dégonflé, on t'attend", espérant en vain que le président vienne discuter avec eux. Dans les couloirs de l'hôpital, il a aussi été pris à partie par deux infirmières qui protestaient contre le manque de moyens à l'hôpital, l'une refusant de lui serrer la main avant un échange tendu.
Interrogé par des journalistes sur la grève à la SNCF, le chef de l'Etat, dérogeant à son habitude de s'en tenir au sujet de sa visite, s'est exprimé brièvement, évoquant avec prudence des "protestations tout à fait légitimes" qui nécessitent "des explications" mais "ne doivent pas empêcher le gouvernement de gouverner".
Il a aussi promis de prochaines "décisions très importantes" en faveur des hôpitaux et de leur personnel, qu'il annoncera personnellement "d"ici l'été".
Diagnostic le plus tôt possible
Mais il est revenu ensuite sur l'autisme, "une cause essentielle", a-t-il dit. Il était accompagné de son épouse Brigitte, de la ministre de la Santé Agnès Buzyn et de la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées Sophie Cluzel.
Il a longuement écouté des parents lui décrire leur "parcours du combattant" pour faire diagnostiquer puis soigner leur enfant.
"Il a fallu que je fasse des pieds et des mains. Ca a été très dur", a témoigné la maman de Naïm, 4 ans, accueilli dans la crèche Graffiti's.
"Agir vite, prendre en charge un enfant autiste avant ses trois ans, c'est lui donner toutes les chances pour la vie", a déclaré le chef de l'Etat qui souhaite davantage d'accueil à l'école et moins dans les instituts spécialisés, réservés aux cas les plus graves.
La stratégie autisme, que doit détailler vendredi Edouard Philippe, comprendra une enveloppe d'au moins 340 millions d'euros sur cinq ans pour améliorer la recherche, le dépistage et la prise en charge de l'autisme, contre 205 millions pour le plan précédent.
Les "troubles du spectre de l'autisme" (TSA) atteignent "environ 1% de la population", estime la Cour des Comptes. Elle évalue à 700.000 le nombre de personnes concernées en France, dont 600.000 adultes, bien que ces derniers ne soient "qu'environ 75.000" à être aujourd'hui diagnostiqués.
Le président a précisé que serait mis en place un "forfait de remboursement pour les parents à partir du 1er janvier 2019" pour les dépistages.
"Nous allons généraliser la formation de tous les professionnels, pédiatres, médecins, pour avoir, au 9e mois ou au 24e mois, aux consultations prévues, le réflexe de vérifier le minimum et alerter sur un trouble psycho autistique. Car, plus le diagnostic est tôt, plus on peut aider l'enfant à rattraper son retard et avoir la vie la plus normale possible", a-t-il détaillé.
Implantée dans une petite rue tranquille de Rouen, la crèche Graffiti's peut servir de modèle: sur les 40 enfants qu'elle accueille, le tiers souffrent d'un handicap. "Ca se passe bien car nous avons des professionnels formés et les enfants, lorsqu'ils sont entre eux, ne voient pas les différences", explique Sophie Péron, la directrice du Moulin vert, l'association qui la gère.
"Fréquenter des enfants +normaux+ a permis à Naïm de s'épanouir, de devenir plus social et de faire de gros progrès sur le plan moteur", explique sa mère.
L'un des obstacles à une bonne prise en charge des autistes reste "le manque de formation", notamment des médecins généralistes, a expliqué Claire Miranda Marchand, du CHU de Rouen.
Pour M. Macron, l'un des objectifs du plan autisme est également d'aider les parents à garder ou à retrouver une activité professionnelle et installer des "centres de répit" pour qu'ils aient du temps pour eux ou leurs autres enfants.
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