Trois universités sont actuellement bloquées par des étudiants protestant contre la loi sur les nouvelles modalités d'accès à la fac, qu'ils assimilent à de la "sélection": Montpellier, Toulouse et Paris-VIII (à l'exception des IUT).
A la fac Paul-Valéry de Montpellier, une AG de quelque 3.000 étudiants a voté fin mars "un blocus illimité" jusqu'à "l'abrogation de la loi Vidal". À Toulouse, l'université Jean-Jaurès (Sciences humaines) est bloquée depuis plusieurs jours tandis que celle de Paris VIII l'est depuis mardi.
Des sites ont également suspendu leurs cours: à Paris, Tolbiac (Panthéon-Sorbonne, Paris-I) depuis dix jours et la faculté de lettres de Sorbonne-Université (Paris-IV) depuis mardi.
Le campus de Moulins de l'université de Lille, où sont inscrits environ 9.000 étudiants, était bloqué depuis jeudi matin par une centaine de protestataires.
Laëtitia, 20 ans, inscrite en droit, explique le blocage "car on est contre la sélection à l'université". Plusieurs étudiants regrettaient, eux, cette action: "un petit groupe de personnes décident pour tous", dénonce Thomas (prénom d'emprunt), en master 2.
À Bordeaux, Limoges, Tours, Nancy, Nice, Lyon-II et Dijon, des bâtiments ou des sites entiers ont été bloqués mercredi, ou des sites occupés (Nice et Dijon ont depuis été débloquées). Un "blocus illimité" d'une partie du campus de Tertre-Censive (Lettres, Sciences humaines) de l'université de Nantes a aussi été voté mardi en AG.
Or les examens approchent. Selon les facs, ils s'échelonnent de fin avril à fin mai.
"Les examens doivent avoir lieu", a déclaré Edouard Philippe jeudi sur France Inter. Interrogé pour savoir s'ils se tiendraient dans les meilleures conditions, il a répondu "évidemment".
Moins catégorique, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a indiqué sur RTL que les examens auront lieu pour "la très grande majorité" des étudiants.
"Beaucoup de vigilance"
La ministre a aussi émis l'hypothèse que les examens puissent, si besoin pour les facultés actuellement perturbées, ne porter que "sur les 4/5es du programme" et que "le reste soit repris l'année suivante".
Edouard Philippe a par ailleurs condamné "toutes les violences contre les personnes et les biens", disant "regarder" la situation "avec beaucoup de vigilance".
Quant à certains étudiants qui réclament que la moyenne leur soit donnée automatiquement lors des partiels, il a souligné que cette "idée (...) le laisse rêveur sur la conception qu'ils ont eux-mêmes de leur travail, de la chance qui leur est donnée d'aller à l'université". Il a toutefois observé que "cette vision des choses semble extrêmement minoritaire chez les étudiants".
"On ne va pas à l'université pour avoir une note, on va à l'université pour apprendre des choses", a déclaré à ce sujet Frédérique Vidal.
Le mouvement de grogne contre la nouvelle loi d'entrée à l'université, qui n'avait que faiblement mobilisé au cours des derniers mois, a pris une tout autre ampleur depuis l'expulsion violente d'étudiants et de militants de la fac de droit de Montpellier, fin mars.
Une trentaine d'étudiants en droit et science politique opposés à sa réouverture, qui a eu lieu mardi, dénoncent la lenteur de la justice dans l'enquête sur ces violences. "La loi de l'omerta règne toujours", ont déploré jeudi auprès d'une journaliste de l'AFP des membres du comité de mobilisation de la faculté.
A Strasbourg, une centaine d'étudiants qui occupaient un amphithéâtre du Palais universitaire, où sont accueillis les étudiants de certaines formations universitaires, ont été évacués par les forces de l'ordre mercredi soir.
burs-ito/blb/shu
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