C'est sur ce scandale ainsi que sur sa réponse, jugée tardive, aux manipulations politiques attribuées à la Russie que Mark Zuckerberg, le patron du groupe, devra s'expliquer la semaine prochaine devant des parlementaires américains très remontés.
Mark Zuckerberg a de nouveau admis des "erreurs" par le passé, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes mercredi.
"Je pense que la vie, c'est apprendre des erreurs", a dit M. Zuckerberg, qui s'est une nouvelle fois engagé "à faire mieux à l'avenir" même si "aucune mesure de sécurité ne sera parfaite". Il a néanmoins assuré qu'il était toujours la bonne personne pour diriger le groupe malgré toutes les polémiques qui ternissent fortement l'image du réseau social, dont le modèle économique repose sur l'exploitation des données personnelles de ses utilisateurs.
Il aussi indiqué que "jusqu'à 87 millions d'utilisateurs", en comptant "large", avaient pu voir leurs données personnelles tomber entre les mains de la firme britannique Cambridge Analytica (CA) soit bien plus que le chiffre avancé jusque-là par la presse, autour de 50 millions.
Mais la firme d'analyses de données et de communication stratégique, qui travailla pour la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, a réfuté ce chiffre, indiquant n'avoir "reçu" les données que de "30 millions" de personnes via la société Global Science Research (GSR) qui les lui a, selon Facebook, transmis sans autorisation.
CA a aussi répété dans un communiqué ne pas avoir utilisé ces données dans le cadre de son travail pour l'équipe de campagne de M. Trump et qu'elle avait effacé toutes les informations récupérées lorsque Facebook l'avait informé, en 2015 selon le réseau social, du fait qu'elles avaient été transmises sans autorisation.
CA avait récupéré les données via une application de tests psychologiques --mise au point par GSR-- proposés sur Facebook et téléchargée par plus de 300.000 personnes. A l'époque, le système permettait à des applications tierces d'accéder non seulement aux données des usagers ayant utilisé l'application mais aussi de leurs amis, ce qui explique le nombre très élevé de personnes potentiellement concernées.
Auditions au Congrès
Empêtré dans ce nouveau scandale, Mark Zuckerberg s'est engagé dans une contre-offensive politique et médiatique pour convaincre les utilisateurs, et les pouvoirs publics aux Etats-Unis et dans le reste du monde, que le site a pris conscience de sa responsabilité et agit pour protéger ses usagers de toute exploitation malveillante de leurs données ainsi que contre toute opération de propagande ou de désinformation politique.
Encore mercredi, le groupe a détaillé ses mesures destinées à rendre plus clairs et transparents les paramètres de confidentialité puis, dans un autre texte, expliquer ce qu'il comptait faire pour limiter la diffusion de données personnelles vers des tiers.
Mardi, Mark Zuckerberg avait également annoncé la suppression de 270 pages et comptes Facebook et Instagram gérés par la société russe Internet Research Agency (IRA), qui se trouvait déjà, selon le renseignement américain, derrière une opération de désinformation lancée pour déstabiliser la campagne présidentielle américaine de 2016, utilisant notamment les réseaux sociaux.
"Nous avons déterminé que l'IRA utilisait un réseau complexe de faux comptes pour berner les gens", a écrit Mark Zuckerberg sur sa page Facebook.
Mark Zuckerberg, 33 ans, devrait témoigner au moins deux fois au Congrès, chaque chambre gardant jalousement ses prérogatives et exigeant de l'entendre séparément. Il a confirmé sa venue le 11 avril à 10H00 (14H00 GMT) devant la commission du Commerce de la Chambre des représentants.
Mais il a également été invité le 10 avril par la commission des Affaires juridiques du Sénat, aux côtés des patrons de Google, Sundar Pichai, et de Twitter, Jack Dorsey.
Ses réponses seront particulièrement écoutées, notamment en Europe, où il a également été invité à venir s'expliquer au Parlement britannique et au Parlement européen mais sans donner suite.
Le scandale CA a déjà couté cher au groupe, qui a vu s'envoler plus de 80 milliards de dollars de valorisation boursière depuis la mi-mars.
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