C'est sur ce scandale ainsi que sur sa réponse jugée tardive aux manipulations politiques attribuées à la Russie que Mark Zuckerberg, le patron du groupe, devra s'expliquer le 11 avril devant des parlementaires américains très remontés
"Au total, nous pensons que les informations Facebook de jusqu'à 87 millions d'utilisateurs --la plupart aux États-Unis-- ont pu être partagées de façon indue avec Cambridge Analytica", a écrit le groupe. Jusqu'à présent le nombre d'utilisateurs affectés évoqué était de 50 millions.
La firme Cambridge Analytica a récupéré, via un questionnaire psychologique téléchargé par plus de 300.000 personnes dans le monde, - une précieuse base de données pour la société, plus tard embauchée par l'équipe de campagne de Donald Trump.
A l'époque, les applications autorisées par une personne avaient accès aux données de ses amis. Cette option a été supprimée en 2014, mais Mark Zuckerberg a reconnu que le réseau social devait mieux contrôler lui-même l'usage des données par les applications.
Empêtré dans ce scandale, qui est venu s'ajouter à d'autres polémiques, Mark Zuckerberg organise depuis plusieurs semaines la contre-offensive politique et médiatique. Il veut convaincre les utilisateurs, et les pouvoirs publics aux États-Unis et dans le reste du monde, que le site a pris conscience de sa responsabilité, agit pour protéger ses usagers de toute exploitation malveillante de leurs données ainsi que contre toute opération de propagande ou de désinformation politique.
Encore mercredi, le groupe a détaillé ses mesures destinées à rendre plus clairs et transparents les paramètres de confidentialité puis, dans un autre texte, expliquer ce qu'il comptait faire pour limiter la diffusion de données personnelles vers des tiers.
Mardi, Mark Zuckerberg avait également annoncé la suppression de 270 pages et comptes Facebook et Instagram gérés par la société russe Internet Research Agency (IRA), qui se trouvait déjà, selon le renseignement américain, derrière l'opération de désinformation lancée pour déstabiliser la campagne présidentielle américaine de 2016.
En 2017, Facebook avait déjà supprimé des centaines de faux comptes de l'IRA destinés à influencer les débats politiques aux Etats-Unis, ainsi que 30.000 ciblant les élections en France et d'autres encore en Allemagne. Facebook supprime cette fois des comptes ciblant des personnes en Russie ou dans des pays où le russe est parlé comme l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan et l'Ukraine.
"Nous avons déterminé que l'IRA utilisait un réseau complexe de faux comptes pour berner les gens", a écrit Mark Zuckerberg sur sa page Facebook. "Bien que nous respections le partage d'opinions politiques par les gens et les gouvernements sur Facebook, nous ne leur permettons pas de créer des faux comptes pour le faire".
"Je suis satisfait que Facebook agisse pour montrer du doigt et répondre à cette activité, mais j'attends également de Facebook et de M. Zuckerberg, ainsi que d'autres plateformes, qu'ils continuent à identifier les trolls russes et à travailler avec le Congrès pour actualiser nos lois", avait déclaré après cette annonce le sénateur démocrate Mark Warner.
Confiance rompue
Mark Zuckerberg, 33 ans, devrait témoigner au moins deux fois au Congrès, chaque chambre gardant jalousement ses prérogatives et exigeant de l'entendre séparément.
Il a confirmé sa venue le 11 avril à 10H00 (14H00 GMT) devant la commission du Commerce de la Chambre des représentants.
Il a également été invité le 10 avril par la commission des affaires juridiques du Sénat, aux côtés des patrons de Google, Sundar Pichai, et de Twitter, Jack Dorsey. Selon des déclarations de la sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein au quotidien San Francisco Chronicle, il en aurait accepté le principe, mais la date n'a pas encore été calée.
Ses réponses seront particulièrement écoutées, notamment en Europe, où il a également été invité à venir s'expliquer en personne au Parlement britannique et au Parlement européen mais n'a pas encore donné suite.
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