La direction de la SNCF prévoit un TGV sur sept et un train régional sur cinq en moyenne, soit sensiblement la même chose que mardi.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a dit entendre "autant les grévistes" que "ceux qui veulent aller travailler", saluant à l'Assemblée les "clients et usagers de la SNCF" qui ont "des jours difficiles devant eux". Avant de souligner lors de son direct Facebook hebdomadaire que le format de grève deux jours sur cinq était "le plus perturbateur" et le plus "gênant" pour les usagers.
Comme l'avait anticipé la SNCF, le trafic a été "très perturbé" mardi, premier jour d'une grève au long cours. La direction a annoncé un taux de grévistes de 33,9% en matinée, soit moins que les 35,4% enregistrés le 22 mars. Mais parmi les "agents indispensables à la circulation des trains", le taux atteignait 48% (contre 36% le 22 mars).
Des manifestations ont ponctué la journée, dont une rassemblant 2.700 personnes à Paris, selon la police, dont "un groupe de 100 individus cagoulés et violents". Des incidents ont éclaté et cinq personnes ont été interpellées. Des manifestations ont eu lieu également à Tours, Lille, Bordeaux ou Toulouse.
Pour le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, c'est le "commencement d'un bras de fer social comme le pays en a peu connu". Présent dans le cortège parisien, il a été hué et insulté par des manifestants, comme le montre une vidéo.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a estimé à propos du climat social que l'herbe étant "sèche", il ne fallait "pas grand-chose pour que cela brûle". Quant à Philippe Martinez (CGT), il a appelé Emmanuel Macron et le gouvernement à "se déboucher les oreilles" face au "très grand mécontentement" social.
Les syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) s'opposent à une réforme qui "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme". Dans leur viseur: la suppression de l'embauche au statut, l'ouverture à la concurrence et la transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation selon eux.
"Bataille de l'opinion"
La réforme "n'a pas pour objet de privatiser la SNCF, elle n'a pas pour objet de fermer des petites lignes, elle n'a pas pour objet de revenir sur le statut" de cheminot, a insisté le Premier ministre.
Le projet de loi sur le pacte ferroviaire, qui prévoit un recours aux ordonnances sur certains points, sera voté en première lecture le 17 avril à l'Assemblée nationale.
Mardi soir, les députés ont donné en commission leur feu vert à une série d'amendements promis par le gouvernement sur l'ouverture à la concurrence.
Nombreux étaient les usagers mardi ayant opté pour le covoiturage. La pénurie de trains a entraîné des bouchons inhabituels.
Le sentiment des usagers oscillait entre compréhension et agacement, à l'image de Julien Dufresne, manager commercial interrogé à Lille. "C'est leur droit de grève, ils ont le droit (...) maintenant pour ceux qui travaillent c'est un enfer. Moi, j'ai rien demandé, c'est moi qui subis."
"La bataille de l'opinion" titre Le Parisien de mercredi. De nombreux journaux estiment en effet que c'est l'opinion qui sera "l'arbitre" du bras de fer en cours. "Grèves. +Tous ensemble+, ou pas..." résume Libération.
Avec des modalités différentes, les syndicats sont tous lancés dans la bataille: une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour CGT, Unsa et CFDT; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail. Un nouveau préavis a été déposé par les trois premiers, courant de 20H00 samedi 7 avril à 7H55 mardi 10.
Ce mouvement social se conjuguait mardi avec la quatrième journée de grève chez Air France pour des hausses de salaires. La compagnie avait prévu d'assurer 75% des vols.
Mais la tempête sociale touche aussi d'autres secteurs: la CGT a entamé mardi une grève pour la création d'un "service public national" des déchets et a déposé un préavis dans le secteur de l'énergie.
bur-sp-jta-er/cel/dar
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