Mercredi, la Cour suprême (STF) doit décider si elle concède ou non à Luiz Inacio Lula da Silva un "habeas corpus" qui lui éviterait de se retrouver derrière les barreaux tant que tous les recours ne seront pas épuisés, ce qui pourrait durer des mois voire des années.
Une décision cruciale car le jugement a lieu à six mois de l'élection présidentielle la plus imprévisible depuis des décennies, pour laquelle Lula, 72 ans, est donné en tête des intentions de vote.
Malgré sa condamnation pour corruption, son charisme reste intact pour toute une partie de la population ayant bénéficié des programmes sociaux qui ont permis à des millions de personnes de sortir de la misère lors de ses deux mandats (2003-2010).
"Je n'ai pas accepté la dictature militaire et je n'accepterai pas la dictature de procureurs", a affirmé l'icône de la gauche lundi soir, devant quelque 2.000 personnes à Rio de Janeiro.
En janvier, il a été condamné en appel à 12 ans et un mois de prison pour avoir accepté un luxueux appartement en bord de mer de la part d'une entreprise de BTP impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras. Ce qu'il a toujours farouchement nié, mettant en avant l'absence de preuves.
Sécurité renforcée
Mais ses opposants considèrent que sa place est en prison et des manifestations anti-Lula étaient prévues mardi soir dans 117 villes brésiliennes.
"Nous allons faire pression sur le STF", a annoncé le mouvement "Vem Pra Rua" (sors dans la rue), dont la mobilisation avait contribué en 2016 à la chute de la présidente de gauche Dilma Rousseff, dauphine de Lula, destituée pour maquillage des comptes publics.
Un autre collectif, intitulé "Mouvement du Brésil libre" (MBL) réclame "la prison pour le plus grand bandit du pays".
Les partisans de Lula ont eux aussi prévu une veillée d'armes. À Sao Bernardo do Campo, ville industrielle près de Sao Paulo où réside Lula, la Centrale unique des travailleurs (CUT), plus grand syndicat du pays, veut rassembler des militants près de l'appartement de l'ex-président dès mardi soir.
Un important dispositif de sécurité est prévu mercredi à Brasilia, devant la Cour suprême où partisans et adversaires de Lula doivent se rassembler au moment du jugement, dont l'énoncé doit commencer en début d'après-midi. Les deux camps seront séparés par de lourdes barrières de fer et toutes les rues adjacentes seront bloquées.
Appel au calme
La tension est montée d'un cran ces dernières semaines, notamment après que des autocars d'un convoi électoral de Lula ont été atteints par des tirs, dans le sud du Brésil.
Lundi, la présidente du STF Carmen Lucia a lancé un appel au calme.
"Il nous faut de la sérénité pour que les différences idéologiques ne soient pas source de désordre social (...) et en finir avec un contexte de violence", a-t-elle affirmé.
Une décision de la Cour suprême datant de 2016 stipule que toute peine de prison peut commencer à être purgée dès la condamnation en deuxième instance, ce qui est le cas pour Lula.
Mais les 11 juges qui composent la plus haute juridiction du pays ont déjà montré qu'ils étaient divisés sur ce point, ce qui laisse à l'ex-président une chance de rester en liberté le temps de présenter des recours devant d'autres instances supérieures, y compris le STF.
Les avocats de Lula considèrent que l'"habeas corpus" doit être concédé au nom de la présomption d'innocence, un argument réfuté mardi par la procureure générale de la République, Raquel Dodge.
Pour elle, le fait de devoir attendre que tous les recours soient épuisés est "une exagération qui anéantit le système judiciaire", les procédures pouvant durer plusieurs mois.
A LIRE AUSSI.
Condamné, privé de passeport, Lula proche de la prison?
Le parti de Lula l'adoube pour la présidentielle au Brésil
Au Brésil, un procès en appel à haut risque pour Lula
Brésil: Rude semaine et retour compromis pour Lula
Brésil: l'enquête Petrobras, un "îlot de justice et d'espoir"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.