A Marseille, Nice, Rennes, Bordeaux, Nantes et Strasbourg, la même scène: des quais désertés, des halls de gare silencieux et des "gilets rouges" parfois plus nombreux que les voyageurs.
"Je pensais que ce serait la cohue" mais "les gens ont anticipé", commente Chloé, une jeune opticienne rencontrée à la gare Thiers de Nice.
Dans la région, ils sont nombreux à avoir pris leur voiture pour contourner la grève, occasionnant de longs bouchons sur l'autoroute A8, par exemple.
A Strasbourg, le calme de la gare ferroviaire contraste avec l'effervescence de la gare routière, où les lignes de bus privés font le plein.
Laure Hinchberger, étudiante en Irlande, a pris le bus de 10h25 pour l'aéroport de Bâle-Mulhouse et n'a "même pas regardé les trains", par "peur de le rater ou qu'il n'y en ait pas du tout".
Marilyne Bourotte, chercheuse de 41 ans, a "trouvé une solution" : covoiturage de Nancy à Strasbourg, puis bus jusqu'à Bâle. "C'était un peu le stress hier soir" mais finalement, elle va "même arriver à la même heure pour moitié moins cher".
Jongler entre les différents modes de transport est devenu un sport national.
"Nous devions prendre un Oyonnax-Paris à 14 heures. Mais le train a été supprimé dimanche. Du coup on nous a déposés à Dole (Jura) lundi. On a pris un TER ce matin jusqu'à Dijon et on attend un covoiturage pour Paris", relate Mathieu Rouillon, cadre dans l'aéronautique de 29 ans.
"On improvise! "
La solution covoiturage a séduit de nombreux usagers habituels de la SNCF mais, victime de son succès, elle n'a pas permis à tous de s'en sortir.
"J'ai cherché des covoiturages pendant deux jours, mais c'était pire que d'avoir une place pour les Rolling Stones!", témoigne un usager grenoblois qui a finalement renoncé à son voyage vers Paris.
Sur le site Blablacar, mardi matin, 80 des 95 trajets proposés au départ de Lille affichaient complets.
"J'actualisais en permanence le site pour trouver un trajet, dès que j'ai vu cette place, j'ai cliqué immédiatement", raconte Pierre, 24 ans, en partance pour Paris. "Tous les trains étaient indisponibles ou complets et les bus, c'était pareil, donc la seule solution qui restait, c'était le covoiturage".
A la gare de Lyon, qui a vécu quelques moments de cohue sur les quais et les voies, Farid Hachelef a choisi de dormir chez un ami à Paris, sans quoi, habitant Argenteuil (Val d'Osie), il n'aurait jamais pu "arriver" à son chantier dans l'Essonne.
Dans le hall TGV de Roissy, Stéphane vient d'atterrir du Japon et doit rejoindre Marseille. Une dame en gilet rouge lui a conseillé de prendre un RER jusqu'à gare du Nord, puis un covoiturage.
"Ça me fait rire en fait, je reviens du Japon, c'est un autre monde, là je me dis que je suis bien de retour en France." "Ca fait longtemps qu'on s'était pas pris une grève comme ça", rigole le voyageur de 37 ans.
De nombreux usagers interrogés par l'AFP se montrent calmes et résignés face à un mouvement social qui s'annonce long.
Pour Hugues Defoy, un Lillois travaillant à Paris, "il faut rester zen en règle générale (...), attendre et prendre son mal en patience". Même discours chez Maxime, professeur de 27 ans rencontré gare du Nord : "Ça sert à rien de se stresser sans savoir, on improvise!".
Kevin Poulard, employé sur un chantier parisien, attend patiemment un train depuis Rennes, faute d'avoir pu monter dans le premier TGV. "S'il le faut, je monterai en voiture tous les jours", dit-il.
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