L'opération, fruit d'un accord avec la Russie, indéfectible alliée du pouvoir de Damas, devrait prendre plusieurs jours, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ecrasés par des bombardements qui ont tué plus de 1.600 civils en cinq semaines selon l'OSDH, les groupes insurgés dans la Ghouta orientale ont accepté un à un d'abandonner leurs territoires dans cette région hautement symbolique pour la rébellion.
Dans l'ultime poche rebelle, autour de la grande ville de Douma dominée par le groupe Jaich al-Islam, l'évacuation de combattants et de leurs proches a commencé lundi, selon les médias d'Etat syriens.
Le quotidien pro-gouvernemental Al-Watan a déclaré dans un éditorial que ce n'était qu'une affaire de quelques heures avant que Douma ne soit déclarée "ville sans terrorisme".
"La ville de Douma est sur le point de rejoindre les autres localités et zones de la Ghouta (orientale) qui ont été reprises par l'armée", a estimé Al-Watan.
Le mouvement rebelle, qui compterait quelques 10.000 combattants, n'a pas confirmé l'information, restant muré dans le silence depuis dimanche.
Divisions
Il est agité par des divisions internes, d'après l'OSDH, pour qui "des discussions" sont en cours pour convaincre "l'aile radicale de Jaich al-Islam de ne pas empêcher l'application de l'accord avec les Russes".
"Nous allons rester dans cette ville et nous n'allons pas partir. Que ceux qui veulent sortir sortent", lance Essam Al-Bouidani, le chef de Jaich al-Islam, dans une vidéo postée dimanche sur le compte YouTube du groupe, sans qu'il ne soit possible de déterminer quand elle a été filmée.
L'agence de presse officielle syrienne Sana a affirmé lundi soir que "1.146 terroristes de Jaich al-Islam et des membres de leur famille sont partis de Douma vers Jarablos", une ville du nord de la Syrie, après plusieurs heures d'attente. Le régime désigne par le terme de "terroriste" tous les rebelles qui s'opposent à lui.
Ces derniers jours, plus de 46.000 personnes, dont environ un quart de combattants, ont déjà gagné les zones rebelles de la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, ont indiqué les autorités syriennes.
Avec ces évacuations organisées par Moscou, le pouvoir syrien contrôle désormais 95% de la Ghouta, après une offensive meurtrière et dévastatrice lancée le 18 février. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait alors qualifié la Ghouta "d'enfer sur terre".
Les combattants de Jaich al-Islam, leurs proches et les autres civils qui le veulent, rejoindront la région de Jarablos, territoire du nord de la Syrie tenu par des rebelles proturcs. Les habitants qui le souhaitent pourront rester sur place et régulariser leur situation, selon la télévision d'Etat.
"Extirper" les rebelles
"Que ce soit à la suite d'un accord d'évacuation ou en l'écrasant sous les bombes, ce qui compte pour Assad, c'est d'extirper Jaich al-Islam de Douma, pour toujours", a souligné le chercheur Nicholas Heras, du centre de réflexion Center for a New American Security basé à Washington.
Grâce au soutien militaire russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
La reprise totale de la Ghouta par les forces gouvernementales serait une des pires défaites pour les rebelles dans la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de sept ans.
Au début de l'année, le pouvoir avait fait de la Ghouta orientale sa priorité, alors que les rebelles de ce secteur tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
La guerre en Syrie, qui a débuté par la répression sanglante par le régime de manifestations réclamant des réformes démocratiques, a fait plus de 350.000 morts et des millions de réfugiés et de déplacés. Elle s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.
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