Chez les personnels tenus de se déclarer 48 heures avant la grève, la SNCF a recensé près d'un cheminot gréviste sur deux (48% contre 35,4% le 22 mars) et jusqu'à plus de trois sur quatre chez les conducteurs (77%).
Le trafic sera donc "très perturbé", a averti la direction de la SNCF.
Sur les grandes lignes, la SNCF prévoit un TGV sur huit en moyenne, l'axe Sud-Est étant le plus impacté (un sur 10). Même chose pour les Intercités, dont sept lignes ne seront carrément pas desservies. Le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait averti que des lignes seraient "fermées".
Dans les régions, un TER et un Transilien sur cinq sont annoncés. En Ile-de-France, la circulation des RER sera variable selon les axes, allant d'un train sur deux à un sur cinq. Certaines branches ne seront pas desservies.
Le mouvement se conjuguera dans les airs avec la quatrième journée de grève chez Air France pour les salaires, avant une cinquième samedi, puis les 10 et 11 avril. La compagnie prévoit d'assurer 75% des vols.
Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) sont vent debout contre le projet de réforme du rail, qui "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique", selon eux.
"Négociations sur le fond"
Les remontrances de M. Pepy ou de la ministre des Transports Elisabeth Borne, fustigeant une grève "décalée" ou "incompréhensible" au vu de la "concertation" engagée, n'y auront rien fait. Pas plus que l'annonce de la voie législative pour l'ouverture du rail à la concurrence, au lieu des ordonnances initialement envisagées.
Malgré des modalités différentes, CGT, Unsa, SUD et CFDT sont tous lancés dans la bataille: une grève par épisode de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin pour CGT, Unsa et CFDT; une grève illimitée reconductible par 24 heures pour SUD-Rail.
Suppression de l'embauche au statut à la SNCF, ouverture à la concurrence ou encore transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation pour les syndicats, sont autant d'épouvantails à leurs yeux.
Ils estiment aussi que la réforme "ne réglera pas le sujet de la dette (46,6 milliards d'euros fin 2017 pour SNCF Réseau, ndlr), ni celui des dysfonctionnements".
Douze partis de gauche, dont La France insoumise, le PCF ou Génération.s, leur ont apporté leur soutien contre "la casse de la SNCF", préfigurant selon eux celle de tout le service public.
En face, le gouvernement entend tenir bon, voyant dans cette grève une "posture de blocage (...) pas justifiée", comme l'a dit Elisabeth Borne.
"Entre 10 et 20 millions par jour"
Mais pour la CGT, première force syndicale de l'entreprise, "le gouvernement et la direction seraient mieux inspirés d'ouvrir des négociations sur le fond". Dans Le Parisien, le numéro un de la CGT Cheminots Laurent Brun accuse la direction de la SNCF de chercher "la confrontation entre grévistes et non grévistes".
Dans Le Figaro, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a lui aussi appelé à la discussion. "Plus vite on discutera vite avec l'exécutif, plus on a de chances d'éviter un conflit dur que je ne souhaite pas", a-t-il dit.
"Les négociations se poursuivent", avec "une dizaine de réunions" prévues cette semaine, a insisté lundi sur Europe 1 Mathias Vicherat, directeur général adjoint de la SNCF.
De son côté, Alain Krakovitch, directeur général de Transilien, a déclaré sur BFMTV que la grève coûterait "entre 10 et 20 millions par jour".
Pour la presse, Emmanuel Macron et le gouvernement "jouent très gros" face à ce "premier os social" du quinquennat. "La guerre d'usure" est déclarée, titrent de conserve Le Parisien et Le Figaro.
D'autant que la tempête sociale ne s'arrêtera pas au rail et à Air France mardi. Outre la grogne des étudiants, la CGT appelle à la grève dans l'ensemble de la filière déchets (public et privé) et a déposé aussi un préavis dans le secteur de l'énergie.
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