Zidane est revenu à Turin comme joueur du Real en 2003 et il a déjà affronté la Juve en tant qu'entraîneur, lors de la finale de Ligue des Champions remportée la saison dernière par les Merengue à Cardiff (4-1). Mardi, en quart de finale aller de cette même C1, le Français prendra place sur le banc du Real au Juventus Stadium et la boucle sera bouclée.
Avant la finale 2017, sa réponse en italien à une question sur ses souvenirs turinois avait involontairement résumé la place occupée par chacun de ces deux immenses clubs dans sa carrière.
"Je suis devenu un homme à Turin. Je serai toujours juventino dans le corazon (cœur en espagnol, ndlr). Non, dans le cuore (cœur en italien, ndlr), excusez-moi."
Zidane a donc plutôt le cœur en Espagne et à Madrid, mais la Juventus, où il a débarqué à 24 ans, a été le club où il a perfectionné son football et libéré son talent, dans un environnement dépassionné, propice à la progression.
Chaussettes blanches
D'abord installé en plein centre-ville, puis plus à l'écart, sur la colline surplombant Turin, Zidane a mené dans le Piémont une existence très tranquille - maison, école des enfants, entraînement, restaurant favori - avec une vie sociale réduite au minimum.
Proche de l'Uruguayen Montero, du Croate Tudor et de l'Italien Iuliano, celui qui portait à Turin le N.21 y a aussi rencontré le chef Roberto Falvo, qui lui préparait les "Rigatoni alla Zidane" (petites tomates et basilic frais) et l'a ensuite suivi chez les Bleus, pour lesquels il a cuisiné plusieurs années.
"Turin est une ville très tranquille. Rome ou Naples sont merveilleuses mais pour des champions, c'est quasi-impossible à vivre. Turin au contraire te laisse vivre, ne t'étouffe pas. Et je pense que ça lui convenait. Il pouvait se concentrer sur son travail", explique à l'AFP Marcello Lippi, l'entraîneur des trois premières saisons de Zidane à la Juventus.
De ses premiers mois de juventino, ses anciens coéquipiers décrivent sa timidité, ses chaussettes blanches courtes, antithèse de l'élégance italienne, et sa classe infinie sur le terrain.
"Zidane était un pur talent, un fuoriclasse", racontait ainsi Antonio Conte, alors sélectionneur de l'Italie, dans une interview à l'AFP. "On restait ébahis devant les choses qu'il faisait à l'entraînement et en match."
Affreux espagnol
A Turin, Zidane a aussi commencé à bâtir son monstrueux palmarès, développant cette "culture de la gagne" importée d'Italie chez les Bleus, où la Serie A était alors surreprésentée.
"Ce goût pour la victoire, c'est une prédisposition naturelle évidente. Mais il est clair que c'est aussi quelque chose qu'il a cultivé à la Juventus", estime Lippi.
Pourtant, si Zidane a appris de la Juve et si Turin a admiré Zidane, il n'y a pas eu non plus vraiment de grand amour. Dès 1999 et la fin de sa troisième saison, le joueur confirmait d'ailleurs dans France Football le peu de goût de sa femme Véronique pour la ville et reconnaissait qu'il n'y "finirait pas ses jours".
Au contraire, c'est bien à Madrid que Zidane et son épouse d'origine espagnole se sont posés à la fin de sa carrière de joueur, en 2006. Installé dans le nord de la capitale, près du lycée français où ses fils ont été scolarisés, le Français s'est fondu dans le mode de vie à l'espagnole.
"Je vis ici depuis longtemps, même si on ne dirait pas parce que mon espagnol est affreux", plaisantait-il il y a deux ans. "Mais j'ai quelque chose d'espagnol en moi. J'ai une relation très spéciale avec les Espagnols."
A l'heure d'affronter la Juventus, Zidane a aussi rappelé que le Real était "le club de (sa) vie". Mais retrouver Turin et les bianconeri sera forcément spécial. "J'aurais aimé éviter la Juve, pour plein de choses", a-t-il d'ailleurs avoué.
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