Isabeau de R. fait étape pendant sa tournée à Rouen pour présenter son spectacle "A suivre" dans lequel elle incarne une série de personnages hauts en couleur pour nous faire réfléchir sur l'évolution de notre société au cours des dernières décennies. Entretien.
Comment est née cette vocation pour l'humour ?
"J'ai toujours eu plaisir à assister à des spectacles d'humour depuis ma jeunesse mais il m'a fallu longtemps avant de passer le cap et de me lancer. J'ai longtemps travaillé dans la finance sans que cela soit une réelle vocation puis j'ai eu le désir d'offrir un nouvel élan à ma carrière. L'élément déclencheur fut un stage d'une semaine de café/théâtre à Paris. L'animateur nous avait écrit des rôles humoristiques sur mesure et il s'agissait surtout d'un travail d'interprétation. Le stage se concluait par une représentation et c'est ce qui m'a donné l'envie d'aller plus loin. J'ai commencé à faire des matches d'impro dans ce même cabaret nommé Le Bout où j'affrontais des professionnels et c'est finalement en 2002 que je me suis véritablement lancée dans l'écriture et dans l'humour."
Que reste-t-il de votre vie dans la finance ? Vos sketchs évoquent-ils cette période ?
"Mon premier spectacle était plus personnel, j'avais besoin de parler de qui j'étais. Mes sketches m'ont été inspirés par des situations incongrues vécues. Parfois je me disais que ce que j'étais en train de voir ou de vivre ferait un bon sketch : une secrétaire incompétente à qui le savoir-vivre m'empêche de dire ses quatre vérités ou encore un week-end passé chez maman faute d'amis disponibles pour sortir… des petits moments de solitude. Même si la finance n'était pas ma vocation, j'en ai toutefois gardé des souvenirs heureux mais je me sers peu de cette expérience comme source d'inspiration car c'est une activité qui reste trop hermétique pour le grand public quoique loin des clichés qu'on lui assigne."
De quoi parle votre dernier spectacle joué au Théâtre à l'Ouest ?
"Il parle de l'évolution de la société, de ce qui a pu changer dans notre quotidien depuis 1975. Cela me permet d'évoquer des sujets très variés : l'enseignement, l'éducation des enfants, le téléphone portable ou encore le médecin qui ne regarde même plus son patient en consultation. J'y glisse aussi quelques fables sur la femme de 30, 40 ou 50 ans ainsi qu'un slam de réac pour les gens qui, comme moi, se sentent un peu perdus parfois dans le monde moderne et qui se disent que ceci ou cela n'aurait pas existé il y a 20 ans. J'avais davantage besoin de parler de moi dans le premier spectacle, c'est-à-dire de mon histoire et de mes origines sociales, sans doute parce que c'était le premier mais "A suivre" s'adresse vraiment au plus grand nombre. C'est un spectacle rythmé dans lequel je fais preuve de second degré, de dérision et d'autodérision : c'est sarcastique, caricatural mais bienveillant."
Quels souvenirs gardez-vous de votre jeunesse passée à Rouen ?
"Je suis arrivée alors que j'avais 9 ans à Rouen et j'ai quitté la ville à mes 18 ans avec une furieuse envie de découvrir le monde et en particulier l'Asie où j'ai commencé ma carrière. De Rouen, je garde le souvenir des atmosphères pluvieuses, des longues marches à pied pour me rendre à mon lycée mais aussi de bons amis qui me sont toujours chers. Je me souviens aussi des détours que j'inventais pour ne pas passer devant mon école quand je me rendais au conservatoire pour mes cours de cor d'harmonie car j'avais honte de jouer d'un instrument aussi volumineux. Pour moi Rouen, reste une ville provinciale agréable à vivre. Ce sera mon premier retour depuis très longtemps dans cette ville qui a bercé mon enfance mais que j'égratigne aussi pour son PGBL : petit gratin bourgeois local."
Pratique. Mercredi 11 avril 2018 à 20 heures au Théâtre à l'Ouest de Rouen. 20 €. theatrealouest.fr
A LIRE AUSSI.
Michel Sardou: "Je ne suis pas l'homme de mes chansons"
Charles Aznavour: "Je ne suis pas vieux, je suis âgé. Ce n'est pas pareil"
"La guerre, c'est mon enfance détruite": Myriam, 13 ans, raconte sa vie à Alep
The Bridge: pour Francis Joyon: "La vie est un jeu"
Médecins du Monde : en Seine-Maritime, "le département ne remplit pas sa mission"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.