L'annonce de sa libération en juin 2017 par le groupe qui le détenait --jamais confirmée-- alimente depuis les rumeurs. Certaines le donnent même pour mort, en l'absence de la moindre preuve sur son sort dans un pays où, d'habitude, les secrets ne sont pas si bien gardés.
Son nom est revenu dans l'actualité depuis que l'ancien président français Nicolas Sarkozy a été inculpé pour un financement libyen présumé de sa campagne de 2007. En 2011, Seif al-Islam avait déclaré sur Euronews: "c'est nous qui avons financé sa campagne".
Agé de 45 ans, le fils de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi, n'a pas été vu depuis juin 2014. Durant son procès --dénoncé comme expéditif par l'ONU et des ONG--, il avait comparu par vidéoconférence depuis Zenten.
Condamné à mort par contumace en juillet 2015, il est aussi recherché par la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye pour des accusations de crimes contre l'humanité commis durant la révolte ayant conduit à la chute et la mort de son père en 2011.
Même si plusieurs sources libyennes et diplomatiques assurent que le fils Kadhafi est toujours à Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, difficile de savoir s'il est toujours prisonnier.
Dans cette ville à composante tribale, les langues ne se délient pas facilement.
Située sur les contreforts escarpés de Djebel Nefoussa, la cité bédouine longtemps marginalisée se métamorphose: des bâtiments modernes sortent de terre au milieu des champs clairsemés d'oliviers, à quelques pas de maisons austères.
Le calme apparent de cette ville de 40.000 habitants, place forte de l'insurrection contre le régime de Kadhafi, tranche avec la force armée dont disposent les groupes "zentenis" parmi les plus puissants en Libye.
"Prisonnier"
Tête entourée d'un turban noir, visage tanné par le soleil du désert, Mokhtar al-Akhdhar, l'un des seigneurs de guerre de Zenten, semble catégorique au premier abord sur Seif al-Islam Kadhafi: "Oui. Il est (toujours) prisonnier".
Mais le représentant du Conseil militaire de la ville, qui regroupe les principaux groupes armés, relativise un peu plus tard: "Même s'il n'est pas prisonnier, il est recherché par la CPI" et par la justice libyenne. "Il n'a nulle part où aller".
Chaaban al-Marhani, un des leaders tribaux de la ville, bredouille lui aussi une réponse confuse: "Seif al-Islam est là (à Zenten) et il est prisonnier mais son destin n'est pas aux mains de Zenten".
"De toute façon, Seif al-Islam n'a jamais été un prisonnier au sens propre du terme. Depuis son arrestation, il a été en résidence surveillée (...), pas dans une prison", affirme à l'AFP un membre des services de sécurité sous couvert de l'anonymat.
Katibat Abou Bakr al-Seddik, le groupe armé qui avait capturé Seif al-Islam, avait refusé à plusieurs reprises de remettre son prisonnier aux autorités de Tripoli ou à la CPI, avant d'annoncer en juin 2017, à la surprise générale, l'avoir libéré.
Il n'avait pas été pris au sérieux surtout après avoir fait une annonce similaire quelques mois auparavant.
Katibat Abou Bakr al-Seddik avait affirmé appliquer une loi d'amnistie promulguée en 2015 par le Parlement établi dans l'est du pays, mais selon des juristes, elle ne pouvait s'appliquer à Seif al-Islam Kadhafi.
"Criminel en fuite"
L'élu Omar Gaith, qui représente Zenten au Parlement libyen, affirme ne "pas être en mesure de confirmer ou de nier la libération de Seif".
"Seif al-Islam est considéré comme un criminel en fuite. Et s'il est arrêté, il va être jugé de nouveau", ajoute-t-il, précisant que le "fugitif" est poursuivi par la justice libyenne dans plusieurs affaires.
De son côté, le bureau du procureur général de Tripoli estime que la nature des crimes dont a été reconnu coupable Seif al-Islam fait qu'il "ne peut pas bénéficier d'une amnistie".
Interrogé par l'AFP, le bureau du procureur de la CPI n'était pas disponible pour commenter le sort du fils Kadhafi.
Dans sa dernière déclaration sur ce dossier, en juin 2017, la CPI indiquait qu'elle prendrait "les mesures qui s'imposent pour déterminer où se trouve M. Kadhafi".
La confusion est aussi nourrie par des partisans de l'ancien régime.
Le 19 mars, un homme affirmant représenter Seif al-Islam, a annoncé depuis Tunis la candidature de ce dernier à la prochaine élection présidentielle en Libye.
Sur sa page Facebook, Katibat Abou Bakr al-Seddik a affirmé le lendemain avoir "contacté" Seif al-Islam, qui aurait nié avoir chargé quiconque de parler en son nom.
A Zenten, on affirme toutefois que ce groupe armé a été dissous il y a près d'un an. Son commandant, Ajmi Laatiri, n'était pas joignable. La confusion reste totale.
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