Les 6.600 bureaux de vote ont ouvert à 06H00 heure locale (12H00 GMT) pour accueillir les quelque 3,3 millions d'électeurs chargés de désigner au second tour de l'élection le chef de l'Etat pour les quatre années à venir.
Les candidats, tous deux d'anciens journalistes aimant pousser la chansonnette mais sans lien de parenté, sont au coude-à-coude dans les sondages avec une légère avance pour le premier, un pasteur évangélique de 43 ans, fermement opposé au mariage homosexuel.
Il affronte un ex-ministre de 38 ans qui propose au contraire plus de présence de l'Etat dans l'économie et pour défendre les droits de l'Homme, dont les unions entre personnes du même sexe. A la différence de son opposant, vedette de la musique chrétienne, le candidat du Parti action citoyenne (PAC, la formation au pouvoir) préfère le rock et a appartenu à un groupe dans sa jeunesse.
Au premier tour, le 4 février, Fabricio, également ancien député et candidat du parti Restauration nationale (RN, évangélique), est arrivé en tête des 13 candidats avec 24,9% des suffrages, suivi de Carlos, avec 21,6%.
Le faible écart se retrouve au second tour, avec 43% des intentions de votes pour le conservateur, contre 42% pour le candidat de centre gauche, selon un sondage du 23 mars du centre d'études politiques (CIEP) de l'université du Costa Rica (UCR). A noter que la différence est inférieure à la marge d'erreur de 2,8 points.
"C'est la première fois qu'une élection au Costa Rica se polarise sur des sujets religieux et de droits de l'Homme", souligne l'analyste Gustavo Araya, de la Faculté latinoaméricaine de sciences sociales (Flacso).
Ce scénario d'égalité montre que "la population ne sait pas encore quel modèle de développement elle souhaite" pour ce petit pays vivant de l'écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique.
Le Costa Rica est considéré comme un des pays les plus progressistes de la région, avec un taux d'alphabétisation de 97,5% et un investissement supérieur à 7% du PIB dans l'éducation, selon l'Unesco.
"Désenchantement politique"
L'indice de développement humain de l'ONU de 2016 place ce pays centre-américain en 66e position dans le monde et en 3e place en Amérique latine.
Mais nombre d'électeurs restent indécis.
"Il y a une grande volatilité de l'électorat qui, ajoutée à l'indécision et à l'abstentionnisme rend" difficilement prévisible ce scrutin pour désigner le successeur du centriste Luis Guillermo Solis, juge le politologue Rotsay Rosales, de l'UCR.
Contrairement au premier tour, où Fabricio Alvarado avait surfé sur son opposition au mariage gay, devenu un thème central, l'évangélique a modéré son discours et les références religieuses pour élargir son électorat et nouer des alliances.
Une autre raison explique ce revirement: cette semaine, la justice électorale a sanctionné pour la deuxième fois son parti Restauration nationale, en lui interdisant d'invoquer la religion pour séduire des électeurs.
Il s'était détaché du peloton de candidats grâce à une prise de position très ferme contre l'union de personnes de même sexe, après une récente décision de justice qui affecte tout le continent.
Le 9 janvier, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme (Cour IDH), institution émanant de l'Organisation des Etats américains (OEA), a exhorté les pays de la région à reconnaître le mariage homosexuel, marquant une évolution majeure en Amérique latine, région où les inégalités sont criantes pour la communauté LGBT.
"Tous les droits patrimoniaux issus de liens familiaux de couples du même sexe doivent être protégés, sans discrimination par rapport aux couples hétérosexuels", a écrit la Cour IDH, dont le siège est à San José, en réponse à une consultation du gouvernement du Costa Rica.
Bien que non-contraignante, cette décision exerce une pression sur les législations locales. Alvarado s'était dit prêt à retirer son pays de la Cour IDH.
"La fulgurante ascension de Fabricio Alvarado au Costa Rica est un signal des chemins auxquels peut conduire le désenchantement politique en Amérique latine", a prévenu dans une tribune dans le New York Times l'ancien vice-président costaricain Kevin Casas, chercheur au cercle de réflexion Dialogue inter-américain, à Washington.
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