Accablés par un déluge de feu qui a tué plus de 1.600 civils en cinq semaines, deux des trois groupes insurgés présents dans cette région, qui fut un des bastions de la rébellion contre le président syrien Bachar al-Assad, ont déjà évacué leurs positions.
Plus de 45.000 rebelles et civils sont ainsi partis en dix jours de la Ghouta, que le régime contrôle désormais à 95%, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Seule demeure aujourd'hui la poche rebelle de Douma, tenue par le groupe Jaich al-Islam, mais qui a elle aussi subi de nombreux bombardements et un siège asphyxiant depuis trois ans. Les discussions pour aboutir à des évacuations piétinaient depuis plusieurs jours.
La reprise totale de la Ghouta, aux portes de la capitale syrienne, marquerait une victoire retentissante pour le président Assad dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.
"Un accord partiel a été conclu entre le groupe Jaich al-Islam et la Russie, pour permettre l'évacuation de centaines de civils vers Idleb", une région échappant au contrôle du régime dans le nord-ouest de la Syrie, a déclaré dimanche à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) une ONG disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.
Quelque 1.300 personnes seraient concernées selon lui. "Les négociations se poursuivent pour parvenir à un accord complet" concernant les combattants de Jaich al-Islam et leurs proches, a-t-il ajouté.
"Une nouvelle série de pourparlers a eu lieu samedi et un accord a été trouvé pour évacuer des cas humanitaires vers le nord de la Syrie", a confirmé à l'AFP le comité civil de Douma, qui participe aux négociations.
"Clou dans le cercueil"
Selon l'OSDH, le groupe rebelle islamiste Jaich al-Islam veut négocier son maintien à Douma, en échange de son désarmement et du déploiement de la police militaire russe.
Mais Moscou ne veut pas d'accord différent de ceux passés avec les autres groupes rebelles: les habitants peuvent rester sur place, les combattants et ceux qui le souhaitent sont eux évacués vers le nord-ouest de la Syrie.
"Le problème avec Jaich al-Islam, c'est que c'est une organisation importante, homogène, bien organisée, mais qui ne s'entend pas bien avec les autres groupes. Ce serait vraiment compliqué pour eux de s'installer ailleurs", a souligné Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie à l'université d'Edimbourg.
Samedi, le régime syrien a promis de poursuivre les combats pour reprendre l'ultime enclave insurgée. Pour faire pression, les forces progouvernementales ont consolidé leur présence autour de Douma.
"La victoire dans la Ghouta est un clou dans le cercueil des terroristes", a déjà proclamé samedi à la télévision d'Etat un officier de l'armée syrienne déployé dans cette région, qui fut une des premières à se mobiliser dans les manifestations réclamant des réformes au régime en 2011.
Garantie internationale
Inquiets devant la tournure des événements, des milliers d'habitants de Douma ont fui ces derniers jours vers des zones sous contrôle du régime, empruntant des corridors ouverts par l'armée syrienne.
"Bien sûr que je veux partir: il n'y a plus de maisons ici! Mais je ne veux pas aller dans une région tenue par le régime, je veux aller à Idleb", a déclaré à l'AFP un habitant de Douma, Abou Rateb, âgé de 30 ans.
D'autres refusent catégoriquement de quitter la ville dévastée, comme Haitham, un militant de la société civile. "Je préfère ne pas quitter Douma. Abandonner son foyer, c'est abandonner son âme. Mais pour rester ici, nous voulons des garanties des Nations unies ou de l'Europe, sinon les gens engagés, comme moi, seront poursuivis. Je n'ai pas confiance dans la Russie".
Grâce au soutien militaire russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
En début d'année, il a fait de la Ghouta orientale sa priorité. Les rebelles de ce secteur tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
La guerre en Syrie qui a fait plus de 350.000 morts et des millions de réfugiés, s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.
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