Ils se croiseront, comme c'est désormais la tradition, dans les allées du festival des Planches et des vaches, samedi 31 mars et dimanche 1er avril 2018 à Hérouville-Saint-Clair (Calvados). Voilà plus d'une dizaine d'années que la petite communauté des auteurs BD de Caen et des alentours s'y retrouve, le plus souvent entre amis. "On se connaît tous", assure Jean Blaise Djian. Lui qui a fait ses débuts à Paris "où je ne connaissais personne dans la BD", apprécie ces moments de rencontre. "C'est l'occasion de découvrir d'autres horizons. Il n'y a pas d'école de scénario", rappelle-t-il. "C'est important de regarder ce qui se fait, de se donner des conseils et aussi d'échanger avec les lecteurs."
Travail collaboratif
C'est d'ailleurs au détour d'un stand du festival qu'est née sa collaboration avec Nicolas Ryser, dessinateur Caennais, sur le projet Les Yeux d'Édith, histoire qui prend comme décor le Cambremer des années 1950. Lui aussi recherche la stimulation qui naît de ce genre d'événement, qui fait sortir de la solitude de l'auteur. "À Paris, j'ai travaillé en atelier et c'est toujours de belles occasions de rencontres on apprend des autres", raconte-t-il. Il rêve pourquoi pas de lancer un jour un atelier à Caen.
Jean-Blaise Djian - Marie-Charlotte Nouvellon
S'il explique que "on se connaît un peu par génération, on a fait le parcours du combattant ensemble", Jérôme Félix, scénariste installé du côté de Port-en-Bessin, assure que "nous gardons toujours une porte ouverte pour les jeunes, on essaie de les accompagner, de les aider à défendre leurs projets face aux éditeurs." Lui-même a débuté en montant des fanzines. "On les vendait dans les boutiques de Caen", se rappelle-t-il. "Ça a été notre ticket d'entrée pour aller dans les salons et glaner des conseils".
De multiples univers
Des conseils, ceux d'un auteur rencontré à la fin des années 1980, c'est ce qui a poussé Jean-Blaise Djian, qui était "pendant longtemps seulement un grand lecteur", à se reconvertir en auteur. "Ça a été travail le week-end, le soir et les vacances, des projets envoyés pendant 10 ans avant de trouver un éditeur", se souvient-il. Un métier dont il vit désormais. Mais devenir professionnel ne signifie pas pour autant suivre un long fleuve tranquille. "C'est une passion, mais aussi un vrai travail d'artisan, avec des délais et des lignes à respecter", explique Jérôme Eho, qui dessine beaucoup pour la jeunesse, avec par exemple Noneau et Bubulle ou Les petits citoyens.
Et pour les auteurs, pas de retraite, d'assurance maladie ni de chômage. Travailler comme indépendant veut aussi dire savoir bien négocier les virages entre chaque projet, qui peut durer plus d'une année. "Parfois, on est le nez dans le guidon sur un album et on n'anticipe pas trop, ou alors un éditeur vous lâche entre-temps", poursuit Jérôme Eho. Lui a par exemple dû se diversifier en illustrant des séries comme Tchoupi, ou Dora l'exploratrice. D'autres trouvent des travaux côté communication ou illustration.
Jérôme Eho - Marie-Charlotte Nouvellon
Autant de projets qui permettent aussi aux auteurs d'élargir leurs horizons. D'autant plus que la galaxie BD ne cesse de s'agrandir de nouveaux univers à explorer. "Avant, on ne faisait que l'aventure et du policier", résume Jean-Blaise Djian. "Aujourd'hui, les éditeurs misent sur de nouvelles choses, on peut faire du social, du politique, du scientifique…"
A LIRE AUSSI.
Berlin, nouvel eldorado de la "bande dessinée du réel"
En pleine renaissance, la BD algérienne veut être prise au sérieux
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.