Les derniers bus transportant les rebelles dans le cadre de ces évacuations négociées ont quitté en fin d'après-midi la ville d'Arbine, au sud de la Ghouta, abandonnant un paysage apocalyptique d'immeubles dévastés par une offensive meurtrière du régime de Bachar al-Assad.
La poche sud est désormais "vidée" de ses combattants insurgés, a annoncé l'agence de presse officielle syrienne Sana.
Les rebelles ne sont désormais plus présents que dans une seule poche, autour de la grande ville de Douma, dans leur ancien fief de la Ghouta orientale réduit comme peau de chagrin par un siège de plusieurs années et d'intenses bombardements.
L'armée syrienne a promis de "continuer à combattre pour délivrer du terrorisme" cette ultime poche rebelle où des discussions avec la Russie pour une évacuation négociée des insurgés piétinent. Damas et son allié russe désignent par "terroristes" tous les rebelles s'étant soulevés contre le régime.
La reprise totale de la Ghouta, que le régime contrôle désormais à 95% selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), marquerait une victoire retentissante pour le président Assad dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.
"Il s'agit d'une victoire stratégique (...) et d'un tournant (dans le cours du conflit, ndlr). La victoire dans la Ghouta est un clou dans le cercueil des terroristes", a déclaré à la télévision d'Etat un officier de l'armée syrienne déployé dans cette région qui fut une des premières à se mobiliser dans les manifestations réclamant des réformes au régime en 2011.
Autour de lui, des soldats en liesse scandaient "par notre âme, par notre sang, nous sommes avec toi Bachar".
"Refus catégorique"
A la faveur d'une offensive dévastatrice lancée le 18 février qui a tué plus de 1.600 civils selon l'OSDH, les forces de Bachar al-Assad ont reconquis la quasi-totalité de l'ancien fief rebelle, assiégé depuis cinq ans.
Seule subsiste la poche de Douma, principale ville de l'ensemble des anciennes zones rebelles de la Ghouta, où les négociations entre l'armée russe et le groupe rebelle Jaich al-Islam semblent dans l'impasse.
Jaich al-Islam accepte de désarmer, mais demande en contrepartie que ses combattants restent à Douma, où serait déployée la police militaire russe, mais pas l'armée du régime, selon des sources proches du groupe.
De son côté, Moscou ne veut pas négocier un accord différent de ceux passés avec les autres groupes rebelles: les habitants peuvent rester sur place, les combattants et ceux qui le souhaitent sont eux évacués vers le nord-ouest de la Syrie.
"Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord", a assuré vendredi le porte-parole du groupe rebelle islamiste, Hamza Bayraqdar, démentant des informations de l'armée russe selon laquelle il avait accepté d'évacuer Douma. "Nous refusons catégoriquement de partir. C'est un élément incontournable dans les négociations", a-t-il précisé.
Pour faire pression sur les insurgés, les forces du régime ont consolidé leur présence aux portes de Douma.
"La Ghouta est le coeur battant de la rébellion syrienne, aux portes de la capitale d'Assad. Jaich al-Islam a survécu à presque cinq années de siège et de famine, refusant obstinément toute idée de reddition. Quitter Douma serait la fin de leur raison d'être", souligne l'analyste Nicolas Heras, du Centre de réflexion enter for New American Security.
"Réconciliation"
Inquiets devant la tournure des événements, des milliers d'habitants de Douma ont fui ces derniers jours, empruntant des corridors ouverts par le régime.
"Nous espérons qu'une solution sera trouvée et qu'on en finisse. Moi, je n'ai pas peur de rester, je suis pour la réconciliation. Je ne suis pas resté pendant tout ce temps pour partir maintenant", a témoigné Mohammad al-Hussein, 39 ans, un habitant de Douma.
Ecrasés sous un déluge de feu, deux des trois groupes rebelles présents dans la zone ont été contraints d'accepter les évacuations négociées par Moscou.
Plus de 44.000 rebelles et membres de leur famille, mais aussi des civils, ont évacué la Ghouta depuis le 22 mars, selon les autorités syriennes, pour être relocalisés dans la province d'Idleb (nord-ouest), dont le contrôle échappe presque entièrement au régime.
Au total, plus de 150.000 personnes ont fui les combats dans la région, d'après Sana.
Grâce au soutien militaire russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
En début d'année, il a fait de la Ghouta orientale sa priorité. Les rebelles de ce secteur tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
La guerre en Syrie a fait plus de 350.000 morts et s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.
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