La jeune femme de 20 ans, accompagnée de ses parents et de ses deux frères, est arrivée samedi matin dans la ville de Mingora (nord-ouest) en provenance de la capitale Islamabad à bord d'un hélicoptère militaire. Elle y a été accueillie par des amis et des proches, puis s'est rendue dans l'école pour garçons Guli Bagh à une quinzaine de km de la ville.
Malala semblait très heureuse, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Il est prévu qu'elle s'entretienne avec des élèves de l'école avant de regagner Islamabad, où elle était arrivée jeudi et avait été reçue par le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi.
Malala n'avait plus foulé le sol pakistanais depuis 2012. Sa visite de quatre jours n'avait pas été annoncée et se déroule sous très haute sécurité.
Mingora est la ville où Malala et sa famille vivaient jusqu'à l'attentat qui a failli lui coûter la vie, le 9 octobre 2012, et où elle était scolarisée.
Des jihadistes du TTP avaient fait irruption dans le bus scolaire qui la ramenait chez elle après les cours. L'un d'eux avait lancé à la cantonade: "Qui est Malala?" avant de lui tirer une balle dans la tête.
'Propagande occidentale'
Les talibans pakistanais avaient pris en 2007 le contrôle la vallée de Swat, autrefois paisible région touristique des contreforts de l'Himalaya, y multipliant les violences, décapitations, et autres attaques contre les écoles de filles.
Alors âgée d'à peine 11 ans, la jeune Malala alimentait un blog sur le site internet de la BBC en ourdou, la langue nationale du Pakistan. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle y décrivait le climat de peur régnant dans sa vallée sous la férule des extrémistes. Les talibans, délogés de sa vallée par l'armée en 2009, avaient décidé d'éliminer celle qu'ils accusaient de véhiculer "la propagande occidentale".
Grièvement blessée, l'adolescente avait d'abord été soignée dans un hôpital militaire local avant d'être évacuée en urgence vers Birmingham, en Grande-Bretagne, où elle avait repris conscience quelques jours plus tard.
Après y avoir vécu avec sa famille, elle suit aujourd'hui des études d'économie, de philosophie et de sciences politiques à l'université d'Oxford.
La jeune militante a depuis été propulsée en icône mondiale de la lutte contre l'extrémisme et du droit des femmes à l'éducation. C'est à ce titre qu'elle s'est vue décerner le Prix Nobel de la paix en 2014, conjointement avec l'Indien Kailash Satyarthi.
Célébrée en Occident, Malala demeure pourtant un personnage controversé dans son pays, où certains la considèrent comme un "agent de l'étranger" manipulé ou payé pour nuire au Pakistan.
Outre les cercles islamistes radicaux opposés à l'émancipation des femmes, Malala est également critiquée par une partie de la classe moyenne pakistanaise qui lui reproche de ternir l'image du pays.
Vendredi, des internautes la qualifiaient de "honte de l'islam et du Pakistan" sur Twitter, quand d'autres la dépeignaient en "agent de l'Amérique".
"Le Pakistan ne traite pas bien ses héros", déplorait vendredi dans un éditorial Dawn, le principal quotidien en langue anglaise, ajoutant qu'un autre lauréat pakistanais du prix Nobel, le physicien Abdus Salaam avait également été ignoré parce que membre de la communauté Ahmadi, persécutée au Pakistan.
Malala pour sa part a décrit son retour comme un "rêve" et a promis de rentrer dans son pays une fois ses études achevées au Royaume-Uni. "Mon plan est de rentrer au Pakistan une fois mes études terminées, car c'est mon pays et j'ai autant de droits sur lui que n'importe quel autre Pakistanais", a-t-elle déclaré vendredi.
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