Le pape exprime sa honte de laisser aux jeunes "un monde fracturé"

"Nos générations sont en train de laisser aux jeunes un monde fracturé par les divisions et les guerres, un monde dévoré par l'égoïsme dans lequel les jeunes, les enfants, les malades, les personnes âgées sont marginalisés", a regretté le souverain pontife argentin.

Le chef des 1,3 milliard de catholiques dans le monde a présidé la cérémonie du Vendredi Saint, très recueilli, les yeux fermés, assis sous un dais rouge sur une colline devant le Colisée illuminé.

Dans la tradition chrétienne, le parcours de la "via Crucis" fait revivre le calvaire de Jésus, de sa condamnation à mort à sa crucifixion, sa mort et sa mise au tombeau.

Rassemblés autour de l'immense amphithéâtre, après avoir passé de stricts contrôles de sécurité, 20.000 fidèles, la plupart une bougie à la main, ont suivi dans un silence absolu la cérémonie nocturne du Chemin de croix.

Les porteurs d'une longue croix grise -beaucoup de jeunes dont une petite fille en chaise roulante- se sont relayés, marchant au fond du Colisée, puis à l'extérieur de ce site emblématique des persécutions contre les chrétiens sous l'empire romain.

Le dirigeant de l'organisation catholique Caritas en Syrie, accompagné par son épouse et ses trois enfants, a porté la croix au cours de l'une des 14 traditionnelles stations du parcours. "Nous porterons toute la souffrance du peuple, des enfants, des pères et des mères de notre pays", a confié ce Syrien, Riad Sargi, avant la cérémonie.

La croix a aussi été confiée à des soeurs dominicaines irakiennes, dont soeur Geneviève Al Haday qui entendait témoigner des "martyrs chrétiens" du Moyen-Orient.

Les textes accompagnant les stations ont été écrits cette année par quinze jeunes de 16 à 27 ans, qui n'ont pas hésité à parler du regard impitoyable de leurs pairs fixés sur les réseaux sociaux. Le pape a souhaité dédier l'année aux jeunes dont les préoccupations doivent être au centre d'un synode (réunion d'évêques) en octobre prochain.

Le souverain pontife a fustigé vendredi soir "la lèpre de la haine, de l'égoïsme, de l'arrogance", estimant que "seul le pardon peut abattre la rancoeur et la vengeance, seule l'accolade fraternelle peut dissiper l'hostilité et la peur de l'autre".

Une vigilance extrême a été préconisée pour ce Chemin de croix ainsi que pour la messe dimanche sur la place Saint-Pierre, deux événements pour lesquels des portiques de détection de métaux et des fouilles ont été prévus.

Le ministre de l'Intérieur Marco Minniti a réaffirmé cette semaine le niveau élevé de risque d'attentat en Italie, déployant exceptionnellement quelque 10.000 hommes pour assurer la sécurité dans l'ensemble de Rome.

Malgré tout, un camion de 12 mètres avec des plaques d'immatriculation turques, dont le conducteur avait perdu son chemin, a réussi à circuler dans la zone de sécurité du centre-ville jusqu'à la principale artère commerçante, à deux pas de toutes les institutions politiques de la capitale italienne.

Cinq proches du Tunisien Anis Amri, l'auteur de l'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël berlinois le 19 décembre 2016 (12 morts et une centaine de blessés), ont été interpellés jeudi.

La police italienne a aussi arrêté mercredi et vendredi deux jeunes radicalisés d'origine marocaine, dont l'un était en possession d'instructions pour installer une bombe à bord d'un camion.

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