Dans le même temps, pour le septième jour consécutif, les opérations d'évacuations des rebelles d'Arbine, une ancienne zone insurgée de la Ghouta, se poursuivent, dans le cadre d'un accord parrainé par Moscou.
A la faveur d'une offensive dévastatrice appuyée par son allié russe, le pouvoir de Bachar al-Assad a déjà reconquis plus de 90% de l'ancien bastion rebelle dans la région de la Ghouta orientale.
La chute de Douma, dernière poche insurgée dans cette zone, marquerait une victoire symbolique pour le régime dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.
Depuis le début de son offensive le 18 février, deux des trois groupes rebelles présents dans la zone ont déjà été contraints d'accepter des évacuations.
Et alors que des pourparlers sont en cours depuis plusieurs jours, un membre de l'état-major de l'armée russe a annoncé vendredi, à Moscou, qu'un accord avait été conclu avec Jaich al-Islam, groupe rebelle présent dans l'ultime poche, celle de Douma.
"Un accord a été conclu avec les dirigeants des groupes armés illégaux pour la sortie des rebelles et des membres de leur famille hors de la ville de Douma dans un futur proche", a affirmé le général Sergueï Roudskoï.
Un tel accord marquerait une des pire défaites pour les rebelles en Syrie, mais l'information a aussitôt été démentie à l'AFP par Jaich al-Islam.
Menace de nouveaux combats
"Nous ne sommes pas encore parvenus à un accord", a assuré le porte-parole du groupe islamiste, Hamza Bayraqdar. "Nous refusons catégoriquement de partir. C'est un élément incontournable dans les négociations", a-t-il précisé.
Jaich al-Islam accepte de désarmer, mais demande en contrepartie que ses combattants restent à Douma, où serait déployée la police militaire russe, mais pas l'armée du régime, selon des sources proches du groupe.
De son côté, Moscou ne veut pas négocier un accord différent de ceux passés avec les autres groupes rebelles: les habitants peuvent rester sur place, les combattants et ceux qui le souhaitent sont eux évacués vers le nord-ouest.
Face à l'absence de progrès dans les pourparlers, le régime syrien menace depuis plusieurs jours de reprendre les combats pour déloger le groupe de Douma, la principale ville de l'ensemble des anciennes zones rebelles de la Ghouta.
"Le problème avec Jaich al-Islam, c'est que c'est une organisation importante, homogène, bien organisée, mais qui ne s'entend pas bien avec les autres groupes. Ce serait vraiment compliqué pour eux de s'installer ailleurs", a expliqué Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie à l'université d'Edimbourg.
Pour faire pression sur les insurgés, les forces du régime ont consolidé leur présence aux portes de Douma.
"Nous espérons qu'une solution va être trouvée et qu'on en finisse. Moi, je n'ai pas peur de rester, je suis pour la réconciliation. Je ne suis pas resté pendant tout ce temps pour partir maintenant, à la fin" du siège, a témoigné Mohammad al-Hussein, 39 ans, un habitant de Douma.
La Ghouta "nettoyée"
Dans la poche sud, en cours d'évacuation depuis le 24 mars, quelques 3.600 combattants islamistes avec leurs proches, mais aussi des civils, ont traversé les rues dévastées d'Arbine pour prendre place à bord de 75 bus destinés à les évacuer, selon l'agence de presse officielle syrienne Sana.
Soumis à des bombardements du régime qui ont tué plus de 1.600 civils en cinq semaines selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les groupes rebelles abandonnent les uns après les autres leurs positions pour être relocalisés dans la province d'Idleb (nord-ouest), dont le contrôle échappe presque entièrement au forces de Bachar al-Assad.
En neuf jours, plus de 36.000 personnes, des combattants des groupes rebelles Faylaq al-Rahmane et Ahrar al-Cham, leurs proches et d'autres civils, ont déjà quitté la Ghouta orientale pour le nord-ouest du pays, selon un décompte de l'agence Sana.
Quelque 143.000 personnes ont par ailleurs fui les combats dans la Ghouta pour rejoindre les secteurs gouvernementaux ou des zones sous contrôle des rebelles, d'après la même source.
La Ghouta orientale "est presque entièrement nettoyée des éléments terroristes et extrémistes", a assuré jeudi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Moscou et Damas désignent par "terroristes" tous les rebelles s'étant soulevés contre le régime syrien.
Grâce au soutien militaire des Russes, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans la guerre, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
En début d'année, il a fait de la Ghouta orientale sa priorité, alors que les rebelles de ce secteur, assiégé depuis 2013, tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
La guerre a fait plus de 350.000 morts et s'est transformée en un conflit complexe impliquant des belligérants syriens et étrangers, ainsi que des groupes jihadistes.
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