Un parcours foisonnant, hétéroclite et méconnu, mis en lumière par le Louvre, qui a réuni, en collaboration avec le Met de New York, 180 oeuvres, surtout des peintures, pour cette première rétrospective depuis 1963 (jusqu'au 23 juillet).
"Scènes des massacres de Sio", "La Mort de Sardanapale": comme "La Liberté...", la plupart des tableaux célèbres de ce géant de la peinture française (1798-1863) ont été peints pendant la première décennie de sa longue carrière.
Réalisée en 1830 et inspirée de la révolution des Trois Glorieuses (Juillet 1830), "La Liberté guidant le peuple" est présentée au Salon de Paris l'année suivante et achetée par l'Etat malgré une réception plutôt fraîche.
La suite de la carrière de Delacroix est frappée du sceau de la versatilité entre portraits d'animaux, orientalisme, virtuosité décorative, dolorisme religieux, paysage...
"Il reste beaucoup à comprendre de la carrière de Delacroix", écrivent les deux commissaires de l'exposition, Sébastien Allard et Côme Fabre, soulignant que la production du peintre après 1830 "ne s'y laisse plus aisément inscrire dans un simple courant".
Le parcours qu'ils ont choisi veut "mettre en évidence la tension qui caractérise la création d'un artiste à la fois en quête d'originalité et mû par le désir de s'inscrire dans la grande tradition des artistes flamands et vénitiens des XVIe et XVIIe siècles".
"La Mort de Sardanapale" et "La Prise de Constantinople par les Croisés", les deux plus grandes toiles de Delacroix exposées au Louvre, ne peuvent être déplacées dans l'espace de l'exposition et demeureront à leur emplacement habituel.
Elles seront rejointes par "Le Christ au jardin des Oliviers", habituellement visible dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis et exceptionnellement prêté par la Ville de Paris.
En 1832, Delacroix accompagne un diplomate, le comte de Morny, lors d'un voyage impromptu au Maroc où il croit retrouver "la société patriarcale méditeranéenne".
Présentées au Salon de 1834, "Femmes d'Alger dans leur appartement", un tableau de grande dimension, décrit sans drame ni passion un gynécée moderne entrevu quelques minutes. "Une manière détournée d'aborder la peinture de genre alors que la description du quotidien en France ne l'intéresse pas et ne l'intéressera jamais", souligne Côme Fabre.
"Cette oeuvre représentant de vraies odalisques marque aussi une rupture avec Ingres", note Sébastien Allard.
Delacroix est sans doute le peintre qui a le plus écrit : des milliers de feuillets rédigés tout au long de sa vie. Son ouvrage majeur est son Journal, tenu de 1822 à 1824, puis repris en 1847 jusqu'à sa mort, mais dont le millésime 1948 a été perdu dans un fiacre..
Il a également entrepris la rédaction d'un dictionnaire des beaux-arts resté inachevé et recopie ou traduit de grands auteurs: Dante, Byron, Goethe, Shakespeare. Sa correspondance est aussi considérable. De cette énorme production, il a tout conservé, des carnets de lycéen à ses derniers agendas.
A la fin de sa carrière, Delacroix renonce aux grandes machines romantiques, déroutant la critique, pour créer des paysages nostalgiques et un peu désuets comme "Ovide chez les Scythes".
A LIRE AUSSI.
L'artiste chinois Liu Bolin joue les passe-muraille à Vichy
Chtchoukine, Dior, Vermeer : les musées parisiens ont repris des couleurs en 2017
Vermeer génie isolé ? Une exposition tord le cou à la légende
Botero, peintre des "volumes exaltés", dialogue avec Picasso à Aix-en-Provence
Le collectionneur Thomas Kaplan expose ses Rembrandt au Louvre
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.