La rencontre entre Emmanuel Macron et une délégation des Forces démocratiques syriennes (FDS) est survenue au moment où Ankara affiche sa détermination à complètement déloger du nord de la Syrie la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).
Les troupes turques ont expulsé du canton d'Afrine le 19 mars les Unités de protection du peuple, qui sont l'épine dorsale des FDS.
Au cours de l'entretien, selon l'Elysée, M. Macron a certes redit son attachement à la sécurité de la Turquie mais aussi prôné un dialogue entre Ankara et les FDS "avec l'assistance de la France et la communauté internationale".
"J'aimerais souligner que je suis extrêmement peiné par (...) l'approche totalement erronée de la France à ce sujet", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours virulent à Ankara. "Qui êtes-vous pour parler de médiation entre la Turquie et une organisation terroriste ?", a-t-il lancé.
La Turquie considère la composante arabe des FDS comme une façade destinée à donner une certaine légitimité à cette force dominée par les Unités de protection du peuple (YPG) liées au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Fin de non-recevoir
"Nous rejetons tout effort visant à promouvoir un dialogue, des contacts ou une médiation entre la Turquie et ces groupes terroristes", a pour sa part déclaré le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin, peu avant le discours de M. Erdogan.
"Au lieu de prendre des mesures susceptibles d'être interprétées comme conférant une légitimité à des organisations terroristes, les pays que nous considérons comme amis et alliés doivent prendre fermement position contre le terrorisme dans toutes ses formes", a ajouté M. Kalin.
Bien que honnies par Ankara, les FDS sont le fer de lance sur le terrain en Syrie de la Coalition internationale, emmenée par les Etats-Unis, contre le groupe Etat islamique (EI). Elles ont largement contribué à la défaite des jihadistes dans leur fief syrien de Raqa ainsi qu'à Deir Ezzor.
La rencontre à l'Elysée est survenue quelques jours après l'attaque menée dans le sud-ouest de la France par un jihadiste se revendiquant de l'EI. M. Macron a ainsi réaffirmé devant les représentants des FDS "la priorité de ce combat alors que la menace terroriste perdure".
Il a aussi assuré les FDS "du soutien de la France, en particulier pour la stabilisation de la zone de sécurité au nord-est de la Syrie, dans le cadre d'une gouvernance inclusive et équilibrée, pour prévenir toute résurgence" de l'EI, selon l'Elysée.
Forces françaises à Minbej ?
A l'issue de la rencontre, une des représentantes kurdes, Asiya Abdellah, a soutenu que la France allait envoyer des soldats à Minbej, prochaine ville que M. Erdogan menace d'attaquer dans le nord de la Syrie et où des forces américaines sont aussi présentes.
Mais la présidence française a affirmé vendredi que Paris ne prévoyait pas de "nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie en dehors de la coalition internationale".
Des forces spéciales françaises sont stationnées en Syrie. La France reste toutefois très discrète sur le volume déployé.
Avant la déclaration de l'Elysée, la Turquie avait averti que les soldats français pourraient être pris pour cible s'ils venaient à se déployer à Minbej aux côtés des YPG.
"Ceux qui coopèrent avec des groupes terroristes contre la Turquie (..) et attaquent la Turquie avec eux, recevront le même traitement que nous infligeons à ces groupes terroristes et seront des cibles pour la Turquie", a ainsi déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement turc Bekir Bozdag.
"Nous espérons que la France ne prendra pas une telle mesure irrationnelle", a-t-il ajouté.
Vendredi, Washington a annoncé que deux membres de la coalition internationale antijihadiste en Syrie avaient été tués et cinq autres blessés dans l'explosion d'un engin artisanal, sans donner de précision sur les nationalités des victimes ou les circonstances de cette attaque survenue jeudi.
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