Quand le Mont-Blanc est mesuré en septembre à 4808,72 m d'altitude, soit 1 cm de moins qu'en 2015, c'est par rapport au niveau moyen de la mer Méditerranée. Un niveau défini officiellement le 1er janvier 1897 par le marégraphe de Marseille, dans l'anse Calvo, le long de la Corniche.
"Si la première mesure date du 3 février 1885, ce n'est qu'après 12 ans d'observation qu'a été officiellement fixé ce niveau zéro", explique à l'AFP Alain Coulomb, ingénieur à l'IGN, l'Institut national de l'information géographie et forestière.
Ce 1er janvier 1897, un rivet de bronze recouvert de platine et d'iridium est scellé juste à côté du puits où le flotteur de cuivre du marégraphe "mesure" la mer. A exactement 1,661 m au-dessus du niveau de l'eau. C'est par rapport à ce "repère fondamental" que sont désormais calculées toutes les altitudes dans l'hexagone, avec près de 400.000 "bornes" déjà disséminées à travers le pays, et 1.500 nouvelles installées chaque année.
La Suisse mesurée à Marseille
Ces mesures sont réalisées dans l'Hexagone, mais également en Suisse, qui, faute de côte maritime, s'est rattachée à Marseille pour définir son altitude zéro. Mais pas en Corse, où les dénivelés sont calculés par le marégraphe d'Ajaccio, ni dans les départements ou territoires d'outre-mer, qui disposent aussi de leurs propres mesures.
Classé monument historique en 2002, avec la villa qui l'héberge, habitée par un gardien jusqu'en 1988, le marégraphe de Marseille est unique. S'il est l'un des rares marégraphes mécaniques à flotteur à encore exister, "il est le seul dans le monde à comprendre un intégrateur, une partie totalisatrice permettant en permanence de lire le niveau moyen de la mer sur une période donnée", via un système de roues crantées relevant de l'horlogerie de haute précision, souligne la Fondation pour le patrimoine, qui vient de lancer un appel aux dons pour rénover le bâtiment, avec près de 10.000 euros déjà récoltés.
Secondé depuis 1998 par un appareil numérique, qui calcule le niveau de la mer via une onde radar, le vieux marégraphe de Marseille garde son utilité pour les climatologues et les scientifiques, en tant que témoin du changement climatique.
Changement climatique
Seul appareil à "mesurer" la Méditerranée depuis 130 ans, c'est grâce au marégraphe que l'on sait par exemple que la Méditerranée a monté de 16 cm depuis 1987, et qu'elle est 15 cm plus basse que l'Océan Atlantique... "C'est un patrimoine inestimable des Marseillaises et des Marseillais, un outil exceptionnel et unique au monde", insiste Renaud Muselier, le président de la région Paca, qui vient de s'engager à financer la partie des 60.000 euros de travaux nécessaires qui ne seraient pas couverte par l'appel aux dons.
Si les marées astronomiques, provoquées par la Lune, peuvent faire varier le niveau de la Grande Bleue de 30 à 40 cm, la différence peut dépasser le mètre avec les marées météorologiques, dues aux anticyclones ou aux dépressions.
Mais pas question de changer le zéro officiel des cartes françaises, figé depuis 1897. L'intérêt du marégraphe est surtout de mesurer l'impact du climat sur le niveau de la mer. Ce qui a permis de constater que la hausse de la Méditerranée s'est accélérée, et qu'elle a été 25 % plus rapide entre 2005 et 2015 que lors de la décennie précédente.
"Avec le changement climatique, on ne se pose plus la question de l'utilité de ces mesures et de l'utilité du marégraphe de Marseille", explique Alain Coulomb.
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