Des entretiens ont débuté vendredi matin, dans la capitale autrichienne, entre les ministres des Affaires étrangères grec et macédonien, Nikos Kotzias et Nikola Dimitrov, en présence de l'émissaire de l'ONU, Matthew Nimetz. Ce dernier s'était dit en janvier "très optimiste sur le fait que le processus va dans une direction positive".
Des noms sont évoqués dans les médias des deux pays, celui qui revient le plus régulièrement étant "Gorna Makedonija", "Haute-Macédoine".
Depuis que l'ex-république yougoslave a déclaré son indépendance en 1991, les Grecs lui dénient le droit d'utiliser ce nom de "Macédoine" qui, à leurs yeux, ne peut se référer qu'à leur province septentrionale. Aux Nations unies, elle reste désignée sous l'acronyme ARYM (ancienne république yougoslave de Macédoine, FYROM en anglais).
Les Grecs lui contestent également le droit de revendiquer l'héritage des rois antiques Alexandre le Grand et Philippe de Macédoine.
Résolution commune
Mais il y a désormais "une résolution commune" des Premiers ministres Alexis "Tsipras et (Zoran) Zaev pour régler le problème", explique le politologue macédonien Nano Ruzin, ancien ambassadeur de son pays auprès de l'Otan et proche de l'actuel gouvernement social-démocrate.
Cette dispute ferme à Skopje les portes de l'OTAN et de l'UE.
Les raideurs nationalistes sont présentes des deux côtés. Elles sont illustrées en Grèce par de récentes manifestations géantes à Athènes et Thessalonique, chef lieu de la province grecque de Macédoine, par les menaces adressées à Nikos Kotzias ou encore par un sondage paru dimanche selon lequel sept Grecs sur dix seraient hostiles à une appellation comprenant le terme de Macédoine ou un dérivé.
A Skopje, le sujet est un possible moyen pour l'opposition de droite nationaliste (VMRO-DPMNE) de fragiliser le gouvernement, qui s'appuie sur une majorité réduite, même si les responsables actuels semblent plus accommodants que quand l'ex-Premier ministre Nikola Gruevski tenait le parti d'une main de fer. Le VMRO-DMPNE "soutient le processus", dit un de ses responsables, Aleksandar Nikoloski, mais s'offusque que le "parti au pouvoir ne nous consulte pas".
De sérieux obstacles demeurent. Athènes exige que le changement de nom de son petit voisin soit acté par un changement constitutionnel, et qu'il s'applique partout et à tous, y compris sur le territoire macédonien, selon le principe juridique du "Erga Omnes".
"Erga omnes"
Or, même avec le soutien des partis de la minorité albanaise, les sociaux-démocrates qui mènent le gouvernement de Zoran Zaev, ne disposent pas d'une majorité leur permettant d'espérer faire passer au Parlement un changement constitutionnel. Un référendum semblerait extrêmement périlleux.
Avant la réunion, Niko Kotzias a expliqué que cette demande grecque de changement constitutionnel devrait se traduire dans "l'accord international que nous conclurons à l'ONU et dans l'accord bilatéral que nous signerons".
Nano Ruzin y voit une porte laissée ouverte par les Grecs à un processus par étapes avec la possibilité de laisser la réforme constitutionnelle pour plus tard.
De leur côté, les Macédoniens attendent une avancée de leur processus de rapprochement avec l'UE, le déblocage de fonds européens cruciaux pour leur économie exsangue, et des progrès sur le dossier de l'adhésion à l'Otan.
"Dans un compromis honorable on ne peut pas avoir tout ce qu'on veut", a résumé Nikos Kotzias après sa dernière rencontre avec Nikola Dimitrov la semaine dernière à Skopje. Il avait accepté d'y atterrir après que l'aéroport Alexandre le Grand a été débaptisé.
Dans les rues de Skopje, Ana Bogoeva, informaticienne de 25 ans, relève en riant qu'elle a l'âge du différend: "Changeons ce nom et passons à autre chose. Mais je suis macédonienne et cela ne peut être changé", dit-elle, du défi dans la voix.
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