"Nous souhaitons la bienvenue à Malala Yousafzai. Elle est de retour à la maison", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Muhammad Faisal.
"Elle va rencontrer plusieurs personnes ici mais son itinéraire n'est pas rendu public pour des raisons de sécurité", a-t-il ajouté.
Malala Yousafzaï, accompagnée de ses parents, devrait notamment s'entretenir avec le Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi durant cette visite de quatre jours.
On ignore en revanche à ce stade si la jeune femme, âgée aujourd'hui de 20 ans, entend se rendre dans son district natal de Shangla, dans la vallée de Swat (nord-ouest).
Son arrivée au petit matin à l'aéroport international d'Islamabad s'est déroulé sous forte escorte policière, selon des images montrées à la télévision.
Si Malala est célébrée en Occident, son image est plus controversée dans son pays où certains la considèrent comme un "agent de l'étranger" payé pour dénigrer le Pakistan.
Dénoncée dès le départ par les cercles islamistes radicaux opposés à l'émancipation des femmes, Malala a vu la défiance à son endroit s'étendre à une partie de la classe moyenne pakistanaise, favorable au droit à l'éducation mais qui ne supporte pas de voir ternie l'image du pays.
Nombre de ses compatriotes ont toutefois salué l'annonce de son arrivée, notamment dans sa vallée de Swat.
Rida Siyal, une lycéenne, s'en est réjouie: Malala "était une bonne amie à moi. Je n'aurais pas imaginé qu'elle revienne un jour au Pakistan et à Swat".
Malala "a vaincu les forces obscures de la peur. Elle est un modèle pour nous. Nous sommes ravis qu'elle revienne", a-t-elle dit à l'AFP.
"Elle devrait venir au Pakistan régulièrement pour que les gens de cette région voient l'importance de l'éducation, surtout pour les femmes", a suggéré un autre habitant de Swat, Jawad Khan.
"Bienvenue à #MalalaYousafzai, la courageuse et résistante fille du Pakistan, de retour dans son pays", a de son côté écrit l'homme politique Syed Ali Raza Abidi sur Twitter.
"Chers Pakistanais, Malala n'est pas votre ennemie. Vos ennemis sont les monstres qui lui tiré dessus à bout portant", souligne une autre internaute, Shahira Lashari.
Certains saluaient sa bravoure: "Très courageux. Je ne reviendrais pas. Regardez ce qui est arrivé à Benazir Bhutto" (ex-Première ministre pakistanaise assassinée en 2007), a commenté un autre usager.
Birmingham puis Oxford
C'est dans des circonstances dramatiques, en ambulance et entre la vie et la mort que Malala avait dû quitter son pays en 2012, gravement blessée dans une tentative d'assassinat par des talibans pakistanais alors qu'elle rentrait de l'école.
Elle n'avait plus foulé le sol pakistanais depuis, tout en exprimant le souhait de revenir. "J'espère que je pourrai un jour rentrer au Pakistan. C'est dur de ne pas voir sa maison, sa famille et ses amis pendant plus de cinq ans", avait-elle déclaré en janvier à Davos.
Soignée en Angleterre, où elle vit depuis, elle est devenue une championne du droit des femmes à l'éducation. C'est à ce titre qu'elle s'est vue décerner le Prix Nobel de la paix en 2014, conjointement avec l'Indien Kailash Satyarthi.
Après avoir vécu avec sa famille à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, où elle a étudié dans une école pour filles, elle poursuit aujourd'hui des études d'économie, de philosophie et de sciences politiques à l'université d'Oxford.
Peur dans la vallée
Malala avait commencé son combat en 2007 lorsque les talibans imposaient leur loi sanglante dans sa vallée de Swat (nord-ouest), autrefois paisible région touristique des contreforts de l'Himalaya.
Du haut de ses 11 ans, cette fillette très influencée par son père, directeur d'école, mais dont la mère est illettrée, alimentait un blog sur le site de la BBC en ourdou, la langue nationale du Pakistan. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle y décrivait le climat de peur régnant dans sa vallée.
Le nom de cette gamine pleine de sang-froid, amoureuse des livres et du savoir, a alors commencé à circuler dans le Swat, puis dans le reste du pays lorsqu'elle a remporté un prix national pour la paix.
Le 9 octobre 2012, des jihadistes du TTP (talibans pakistanais) avaient fait irruption dans le bus scolaire de Malala à la sortie des classes. L'un d'eux avait demandé qui elle était avant de lui tirer une balle dans la tête.
A LIRE AUSSI.
Pakistan : un attentat suicide fait au moins neuf morts et 20 blessés à Lahore
Malala Yousafzai, citoyenne d'honneur canadienne, plaide pour l'éducation
Au Cachemire, la course entre Pakistan et Inde pour s'approprier l'eau
La frontière Inde-Pakistan, balafre de l'Asie du Sud depuis 70 ans
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.