Si le groupe sarthois n'a donné aucun détail dans l'immédiat sur la teneur de son offre, l'ukrainien a publié un communiqué mercredi soir confirmant le dépôt de sa proposition et sa volonté de développer un "projet stratégique industriel de long terme à Chateaulin, Quimper et Plouray" en Bretagne.
MHP a "déposé une offre engageante" pour la "reprise partielle" de Doux, a indiqué à l'AFP une porte-parole de MHP. Celle-ci fait notamment miroiter la perspective d'un investissement de "76 millions d'euros" destiné à "construire une nouvelle usine" à Chateaulin dans le Finistère "d'ici deux ans" et "à remettre à niveau" d'autres installations.
La stratégie du groupe ukrainien "permettrait la sauvegarde immédiate d'environ 285 postes auxquels s'ajouteraient environ 430 postes au démarrage de la nouvelle unité de production à Chateaulin" indique le communiqué.
Les employés de l'usine de Chateaulin qui ne seront pas repris dans l'immédiat, bénéficieraient alors "d'une priorité à l'embauche".
"Il s'agit d'un changement complet de stratégie", a précisé la porte-parole, en "abandonnant la production de certains produits congelés destinés à l'export, remplacés par des produits frais pour le marché français" a-t-elle ajouté.
concurrence brésilienne
Malgré sa reprise en mars 2016 par le deuxième groupe coopératif français Terrena, les déboires de Doux se sont accumulés: le groupe perd plus de 35 millions d'euros par an.
"Les Brésiliens ont inondé le marché saoudien", où Doux avait une bonne position, avait ainsi indiqué à l'AFP un délégué syndical CGT de Doux, Patrick Moigne le 12 mars. "C'est pas qu'on n'a pas de clients, ce sont les prix le problème. A chaque tonne qu'on produit, on perd de l'argent", avait-t-il ajouté.
Début mars, Terrena a indiqué qu'elle ne pourrait pas soutenir "éternellement" le groupe qui emploie quelque 1.200 personnes après un millier de suppressions de postes en 2012.
Terrena espère notamment éviter d'avoir à payer une amende pouvant s'élever à quelque 80 millions d'euros, à laquelle Doux pourrait être exposé pour avoir vendu des poulets présentant une teneur en eau supérieure aux normes.
Un jugement sur le sujet du tribunal administratif de Rennes est attendu le 6 avril, alors que Doux pourrait demander sa mise en liquidation judiciaire dès le 3 avril.
Mais le problème de fonds pour Doux est le manque de compétitivité internationale. Terrena a estimé à 100 millions d'euros les besoins de Doux pour changer de modèle économique via des investissements industriels, en marketing, communication, et recherche.
Une autre société de volailles bretonne Tilly Sabco International, qui a déjà connu deux plans sociaux depuis 2014, a été placée mardi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Brest.
La filière n'a pas su s'adapter aux demandes du marché international qui souhaite de plus en plus de découpes, alors que la France est l'un des rares pays où le consommateur achète encore beaucoup de poulets entiers.
Poulet low cost
"Le poids moyen d'un poulet en France est de 1,9 kilo, or tous nos voisins ont des poulets pesant 2,4 ou 2,5 kg. Ils n'ont pas la même génétique" et une fois que le vif est transformé en carcasse, et découpé en pièces (filets, cuisses, pilons), "ce petit décalage devient gros car le rendement des filets est meilleur" pour les poulets venant de l'étranger, ce qui explique, selon Christian Renault, du bureau d'étude AND international, le manque de compétitivité de la volaille française.
Depuis l'arrivée de MHP dans le dossier, piloté par Bercy, la grande crainte de certains élus est que MHP "rachète la marque pour faire du poulet low cost en Ukraine", tout en bénéficiant de l'aura de la marque Doux au Moyen-Orient, a confié à l'AFP une source parlementaire.
Le sénateur (LR) de Vendée Bruno Retailleau s'est d'ailleurs beaucoup démené pour "pousser une solution française" autre que celle de MHP qui ne prévoit pas de reprendre l'unité de poulets de Chantonnay située dans son département.
Pour sa part, la région Bretagne s'est dite prête lundi à mettre jusqu'à 15 millions d'euros sur la table pour accompagner un éventuel projet de reprise.
Le groupe LDC, qui possède les marques Loué, Le Gaulois, Maître Coq, Marie et Traditions d'Asie, n'a donné aucun détail sur l'offre qu'il a annoncé avoir soumis.
Avec son chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros en 2016-17, LDC, dont le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert doit rencontrer les dirigeants vendredi dans la Sarthe, est l'emblème du poulet de qualité à la française ayant plutôt bien résisté à la crise qui frappe ses concurrents.
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