Le doyen et le professeur placés en garde à vue mercredi avaient été mis en cause par des victimes et des témoins des violences perpétrées par des hommes cagoulés et armés de bâtons qui ont brutalement chassé dans la nuit du 22 au 23 mars des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit dans le cadre du mouvement contre la loi Vidal qui modifie les conditions d'accès à l'université. D'autres enseignants ont été désignés comme figurant parmi les agresseurs.
M. Pétel, une personnalité du monde du droit à Montpellier où il a formé des générations de juristes, avait démissionné vendredi tout en protestant de son innocence.
"La garde à vue ne préjuge pas de la culpabilité, cela ouvre notamment un certain nombre de droits", a rappelé à l'AFP le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret, qui avait ouvert, après les incidents, une enquête en flagrance pour violences en réunion avec arme. Selon la Ligue des droits de l'homme héraultaise (LDH 34), au moins 8 étudiants et un syndicaliste ont porté plainte contre X.
La présidente de la LDH 34 Sophie Mazas s'est félicité d'une "grosse accélération de l'enquête" lors d'une conférence de presse organisée après une rencontre avec le président de l'Université de Montpellier (UM) Philippe Augé.
Ce dernier avait annoncé mardi que la faculté de droit, fermée administrativement depuis les incidents, rouvrirait le 3 avril. Mais la décision est loin de faire l'unanimité: "en l'état, on s'oppose à la réouverture", a déclaré Yann Leredde, du Snesup-FSU des personnels universitaires lors de la même conférence de presse. "Il faut que les professeurs, chargés de TD soupçonnés d'avoir perpétré ces violences que rien ne peut justifier soient au moins suspendus à titre conservatoire". Faute de quoi, dit-il, étudiants et personnels "reprendront les cours avec la boule au ventre".
"Violences fascistes"
Une enquête administrative a par ailleurs débuté lundi pour faire la lumière sur cette expédition punitive et doit rendre ses conclusions "rapidement", dit-on officiellement sans plus de précision.
Dans l'après-midi de mercredi, quelque centaines de manifestants, en majorité des étudiants --400 selon la préfecture, 700 selon des syndicalistes-- ont défilé dans le centre-ville de Montpellier, réclamant "Justice pour les victimes" et scandant "Pétel en prison". "Il faut que les auteurs de ces violences fascistes, soient condamnés et ne soient plus jamais en contact avec des jeunes", a réagi anonymement une victime des violences.
Les violences à la faculté de droit, qui fait partie de l'UM, sont survenues alors que l'autre université de Montpellier, Paul Valéry, est bloquée depuis mi-février. Mardi lors d'une AG ayant réuni des milliers d'étudiants --3.000 selon les organisateurs-- le blocus illimité contre la loi Vidal a été largement approuvé ainsi que l'extension du mouvement à d'autres facultés de l'UM.
D'autres universités en France sont aussi touchées par des blocages et des manifestations de protestation contre la loi Vidal, et aussi parfois par des tensions entre pro- et anti-blocage, comme à Lille, où deux plaintes d'étudiants visant des militants d'extrême gauche pour "coups et blessures" ont été déposées. Une manifestation a rassemblé environ 300 personnes mercredi dans le centre-ville notamment "contre les interventions policières et fascistes sur les campus universitaires".
A Bordeaux aussi, plus d'une centaine d'étudiants ont manifesté contre "les violences policières" dans le centre-ville, où le campus de la Victoire est bloqué depuis le 15 mars.
A Nantes enfin, quelque 250 étudiants encadrés par les forces de l'ordre et survolés par un hélicoptère de la gendarmerie, ont défilé dans le calme, aux cris de "Solidarité avec Montpellier".
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