Le 15 mars, le premier round judiciaire très attendu opposant les aînés du rockeur, décédé le 5 décembre, à sa veuve Laeticia avait tourné court. Leurs avocats avaient fait valoir qu'ils n'avaient pas eu assez de temps pour prendre connaissance des documents fournis par la partie adverse.
Le conseil de Laeticia Hallyday, Ardavan Amir-Aslani, s'était, lui, dit opposé à un ajournement, souhaitant rapidement mettre un terme à la "campagne médiatique orchestrée", selon lui, contre sa cliente. En vain.
Le TGI de Nanterre a renvoyé l'audience à vendredi, lui intimant de fournir à ses contradicteurs une copie traduite en français du dernier testament du rockeur, rédigé en juillet 2014 en Californie, ainsi que le "périmètre" de la structure juridique (le "trust") contenant ses avoirs -dont Laeticia est aujourd'hui l'unique bénéficiaire- et "le nom du ou des +trustees+, autrement dit les gestionnaires de ce trust.
Sur ces deux derniers points, les avocats de David et Laura Smet ont déploré ne pas avoir obtenu satisfaction. "On n'est pas plus avancé" qu'avant l'audience du 15 mars, a regretté Me Carine Piccio, avocate du fils du chanteur, la semaine dernière.
Me Ardavan Amir-Aslani est jusqu'à présent resté évasif sur le futur gestionnaire de la fortune Hallyday.
Le trust "a été créé le jour-même où (Johnny Hallyday) a rédigé ses dernières volontés. (...). C'est lui qui gérait et il avait prévu qu'après sa mort lui succède l'une des plus importantes banques américaines", a expliqué l'avocat à Paris Match la semaine dernière. Et de souligner que sa cliente n'avait, en tant que simple bénéficiaire, "pas le droit de disposer des biens" à sa guise.
Quant aux rôles joués par les membres du clan Boudou, la famille de Laeticia -notamment sa grand-mère Elyette, dite "Mamie Rock", et son frère Grégory-, l'avocat affirme qu'"aucun" d'entre eux à ce jour "ne figure dans ce trust".
Les sociétés gérant les droits et l'image du chanteur --que "Mamie Rock" assure avoir dirigées "pour rendre service"-- ne sont par ailleurs plus que "des coquilles vides", a-t-il assuré.
"Volontés artistiques"
Outre son patrimoine, l'album que le "Taulier" avait presque achevé avant sa mort sera également au coeur des débats de vendredi, qui se dérouleront en l'absence des protagonistes du dossier.
L'ex-"idole des jeunes" avait travaillé une grande partie de l'année 2017 à ce 51e album studio, qui doit sortir courant 2018 et sur lequel les aînés Hallyday exigent d'avoir un droit de regard. Une dizaine de chansons ont été enregistrées.
"Nous avons des documents très clairs qui démontrent que les dix titres ont été validés par Johnny Hallyday (...) et qu'il acceptait qu'ils soient commercialisés", a assuré Eric Lauvaux, avocat de Warner Music France, la maison de production du rockeur, à l'audience le 15 mars.
Ce qu'a confirmé dimanche Sébastien Farran, manager du chanteur, au JDD: Maxime Nucci, le réalisateur de l'album, "a scrupuleusement respecté l'ensemble des volontés artistiques de Johnny".
Mais les aînés du chanteur en doutent.
"Avec une telle carrière, c'est normal que son fils, sa fille comme ses deux autres petites filles aient un droit de regard dessus", avait estimé David Hallyday dans un entretien au Parisien Dimanche.
Le tribunal, saisi en référé (procédure d'urgence), va devoir trancher ces questions, avant de se pencher sur la succession de l'artiste, contestée également sur le fond par David et Laura Smet.
Ceux-ci s'estiment en effet lésés par les dernières volontés testamentaires de leur père qui, selon eux, les "déshérite", ce qui est interdit en droit français, et ont demandé "que la succession soit soumise aux règles de dévolution légales" en France. Cette procédure pourrait prendre des années.
Johnny Hallyday possédait deux villas à Los Angeles et Saint-Barthélémy ainsi qu'une autre à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) détenue par une SCI dont il était actionnaire avec sa dernière épouse et leurs deux filles, Jade et Joy. Johnny disposait également des droits sur quelque 1.160 chansons.
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