La question, a annoncé le Premier ministre lors d'une déclaration nocturne à la presse vers 1H30 du matin mercredi, sera la suivante: "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?", avec un bulletin "oui" et un bulletin "non".
Ce choix, que M. Philippe a indiqué avoir "proposé" au terme de discussions "directes" et "franches", a été adopté après plus de quinze heures de réunion du 17e comité des signataires de l'accord de Nouméa, dont une phase finale de plus de sept heures à Matignon.
La formulation, qui va être soumise au Conseil d'Etat en vue de l'examen du décret convoquant les électeurs, "a un sens politique profond : elle permet à chacune des forces politiques de se positionner clairement", a fait valoir le Premier ministre, au côté des élus calédoniens et de la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
En choisissant les deux termes de "pleine souveraineté" et d'"indépendance", le chef du gouvernement a en effet tenté de concilier les positions, avant la visite d'Emmanuel Macron dans l'archipel français du Pacifique, attendue début mai.
Les indépendantistes du FLNKS souhaitaient que la question fasse référence à la "pleine souveraineté" et pas à l'indépendance, mais une partie de la droite loyaliste souhaitait que les choix soient posés entre "indépendance" et "maintien dans la France".
"Conforme aux principes de loyauté"
"Les membres du comité des signataires considèrent que cette formulation, qui est un compromis, est conforme aux principes de clarté, de loyauté et de sincérité", est-il écrit dans le relevé des conclusions du comité des signataires de l'accord de Nouméa, qui se réunissait pour la 17e fois depuis la négociation de cet accord de décolonisation en 1998.
"On aurait été lamentables, indépendantistes comme anti-indépendantistes d'arriver à ce référendum avec un désaccord sur la manière dont la question devait être libellée", a souligné le député UDI Philippe Gomès, président de Calédonie Ensemble, principal parti loyaliste. "Finalement tout le monde a pu s'y retrouver, tant mieux pour notre pays", s'est-il réjoui.
"Ce qui est important pour nous c'est que les Calédoniens aient clairement le choix sur le terme d'indépendance et pas uniquement de pleine souveraineté qui était moins compréhensible", a déclaré Sonia Backès, cheffe de file des Républicains calédoniens (droite loyaliste).
Côté indépendantiste, le chef coutumier Roch Wamytan (FLNKS) a salué le "rôle important" du Premier ministre. Dans la soirée, M. Philippe a fait sept propositions de rédaction pour parvenir au choix final, ont rapporté les participants.
L'émergence d'un compromis est une bonne nouvelle pour le gouvernement et le processus néo-calédonien, alors que les tensions politiciennes étaient remontées d'un cran ces dernières semaines, sur fond de controverses au sein du camp non indépendantiste.
Si la date du 4 novembre a été fixée par les élus du Congrès calédonien la semaine dernière, les différentes chapelles loyalistes se sont écharpées ces dernières semaines sur l'exposé des motifs de la délibération, qui replaçait le référendum dans l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie.
Un désaccord qui a fait exploser en février un groupe de travail mis en place par Edouard Philippe pour "préparer l'après-référendum", baptisé "chemin de l'avenir" ou G10, avec le départ des Républicains calédoniens et du Rassemblement-LR. Le Premier ministre doit réunir ce groupe mercredi après-midi pour proposer "de nouvelles modalités de fonctionnement".
Le comité a par ailleurs refusé que la question de la sécurité et de la délinquance "soit instrumentalisée" dans le cadre de la campagne électorale, qui devrait porter des "messages de paix".
Plus qu'une indépendance jugée peu probable, c'est la perspective de frustrations et de désordres au sein de la communauté kanak, notamment parmi la jeunesse, qui suscite des inquiétudes, trente ans après les violents affrontements des années 80 qui puisaient leurs racines dans les conflits entre indépendantistes et loyalistes.
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