Avec son stade ultra-moderne, dont les gradins de 65.000 places n'ont pas désempli ces dernières semaines, la ville côtière possède un atout de taille, font valoir acteurs économiques et politiques de cette province, la plus riche en hydrocarbures du pays mais aussi l'une des moins bien dotée en infrastructures.
Le 28 février, lors d'un match sans précédent depuis près de 40 ans contre l'Arabie saoudite, le stade à l'architecture imitant un stipe de palmier, la plante nationale, avait fait carton plein. Depuis quelques jours, il est de nouveau bondé pour un tournoi entre les équipes nationales d'Irak, de Syrie et du Qatar.
Tous ces matches sont des rencontres amicales, les seules jusqu'alors autorisées dans le pays par la Fifa. Mi-mars, toutefois, l'instance du foot mondial a décidé de lever son interdiction prononcée dans les années 1990 et d'autoriser l'Irak à accueillir de nouveau des matches officiels.
Cette levée se limite à trois villes: Erbil, la capitale du Kurdistan, dans le nord, Kerbala, ville sainte chiite au sud de Bagdad, et Bassora, qui s'est dotée en 2013 d'un stade dernier cri pour la somme de 600 millions de dollars.
A chacune de ces rencontres, les hôtels, toutes catégories confondues, ont fait le plein. Des hôteliers assurent même avoir dû refuser des clients. Les restaurants et les cafés, eux aussi, ont multiplié les services.
Les jours de matches, "le chiffre d'affaire augmente fortement", indique Tony Dib, qui dirige le Sheraton de Bassora. Et si davantage de rencontres sont à venir, "il faudra que les investisseurs pensent à construire de nouveaux hôtels car ceux existants ne suffisent plus", assure-t-il.
Hommes d'affaires et supporteurs
A Bassora, les clients des hôtels sont généralement des hommes d'affaires, travaillant en grande majorité dans le secteur pétrolier. Depuis peu, ils cohabitent avec un autre public.
A l'occasion du tournoi amical avec la Syrie et le Qatar, "il a fallu reloger des clients venus pour du business, pour faire de la place à ceux venus pour le match", affirme le vice-président de la Chambre de commerce de Bassora, Qassem al-Saadi.
Ces matches ont eu un "impact positif sur l'économie" de la ville, située à plus de 500 kilomètres au sud-ouest de la capitale Bagdad, se félicite Assaad al-Aydani, le gouverneur de Bassora.
Ce regain d'activité va pousser les autorités locales et centrales "à soutenir plus de projets d'investissement et de développement économique" dans cette ville frontalière de l'Iran et du Koweït, avance-t-il.
Les transports, eux, se sont déjà adaptés. La compagnie aérienne nationale a mis en place deux vols supplémentaires durant la semaine du tournoi. Les chemins de fer irakiens, eux, ont mobilisé des trains supplémentaires pour acheminer plus de 7.000 supporteurs depuis Bagdad.
"A la veille de chaque match, la société des chemins de fer mobilise trois trains de 1.500 places de Bagdad vers Bassora", affirme à l'AFP Hadi Challal, qui dirige la société des chemins de fer dans le sud. De même pour le trajet retour, où les billets à six dollars se sont vendus par milliers.
Et, affirme le gouverneur Aydani, de nouvelles perspectives encore plus radieuses s'offre à Bassora, qui "espère accueillir la Coupe du Golfe en 2024".
Mais, prévient M. Saadi, pour que cela se réalise, il va falloir investir beaucoup.
"Nous n'arrivons pas à faire face à l'affluence pour un petit tournoi, comment pourrons-nous être à la hauteur pour la Coupe du Golfe?", s'inquiète-t-il.
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