Le régime de Bachar al-Assad, soutenu militairement par Moscou, est en passe de reconquérir l'intégralité des territoires rebelles à la périphérie de Damas, au terme d'une offensive meurtrière qui a imposé aux insurgés de douloureux accords d'évacuation.
Et si deux groupes islamistes ont accepté ces accords parrainés par Moscou, le doute subsiste quant au sort de la troisième et dernière poche rebelle: celle de Douma, la plus grande ville encore tenue par les insurgés de Jaich al-Islam.
Au total, plus de 17.000 personnes -des combattants accompagnés de leurs familles, mais aussi d'autres civils- ont quitté la Ghouta orientale, prenant la direction du nord-ouest syrien pour s'installer dans des territoires rebelles.
Chaque jour, le même processus se répète: les combattants privés de la plupart de leur armement, mais aussi des civils, chargés de valises bourrés d'affaires, se rassemblent au milieu d'un paysage de ruines, en attendant que se remplissent les bus.
Après de longues heures d'attente, des inspections et des fouilles minutieuses sous la supervision de soldats russes, le convoi peut enfin s'ébranler, des dizaines de bus quittant la périphérie de Damas pour un périple épuisant d'une douzaine d'heures.
Pour la seule nuit de lundi à mardi, quelque 6.749 personnes, dont un quart de combattants, ont quitté la poche sud de la Ghouta, tenue par la faction islamiste Faylaq al-Rahmane.
Il s'agit du convoi le plus important en effectif à quitter à ce jour la Ghouta. Les opérations doivent se poursuivre mardi, Faylaq al-Rahmane ayant assuré qu'au total, quelque 30.000 personnes devaient être évacuées.
Ultime poche rebelle
Appuyé par son indéfectible allié russe, le pouvoir de Damas a pu renverser la donne dans le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, multipliant les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reconquérir plus de la moitié du pays.
En début d'année, il avait fait de la Ghouta orientale sa priorité, alors que les rebelles de ce secteur, assiégés depuis 2013, tiraient obus et roquettes meurtriers sur la capitale.
Aujourd'hui, l'interrogation subsiste quant au sort de Douma, la grande ville de la Ghouta, où selon des statistiques locales quelque 200.000 civils sont installés, après l'afflux de nombreux déplacés.
Des négociations sont toujours en cours entre Jaich al-Islam et l'allié russe, mais les deux parties se sont donné plusieurs jours de réflexion sur les termes d'un accord "préliminaire" qui pourrait avoir été trouvé.
En échange du désarmement des rebelles et du déploiement de la police militaire russe, la zone verrait le retour des institutions du régime et des services de base (eau, électricité), sans toutefois que l'armée syrienne n'y pénètre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mais d'après le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, les discussions sont retardées par des divergences au sein des rebelles et des "tentatives de sabotage par le camp le plus radical".
Arrestations
Face à la progression des forces du régime, quelque 110.000 civils ont déjà fui les territoires rebelles dans la Ghouta, selon les médias étatiques. Ils n'ont d'autres choix que de rejoindre les secteurs tenus par le gouvernement, malgré la crainte de représailles pour certains.
Ils abandonnent derrière eux des localités en ruine, où des immeubles éventrés s'alignent le long de rues jonchées de décombres.
En prenant le contrôle de nouvelles localités, les forces du régime ont arrêté ces derniers jours une quarantaine de personnes, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure d'expliquer ce qui leur était reproché.
Le scénario dans la Ghouta rappelle le sort d'autres bastions de l'opposition, reconquis par le régime au terme de sièges suffocants et de bombardements meurtriers, qui ont poussé les rebelles à accepter une évacuation.
Avant le début de l'offensive, quelque 400.000 personnes selon l'ONU vivaient dans la Ghouta orientale, subissant au quotidien pénuries de nourritures et de médicaments. Pour échapper au déluge de feu du régime, une grande partie vivait terrée dans les sous-sols.
Le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 a fait plus de 350.000 morts et s'est transformé en guerre complexe, impliquant de multiples belligérants. Les provinces d'Idleb (nord-ouest) et de Deraa (sud), où rebelles et jihadistes sont très présents, échappent encore très largement au pouvoir d'Assad, de même que le nord-est, dominé par les Kurdes.
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