Le nom de l'école --acronyme de "Service To All Relations" (service à toutes les relations)-- insiste sur la philosophie Navajo: tout le monde sur la planète est lié, y compris avec les plantes et les animaux.
"Nous apprenons aux enfants la résolution traditionnelle des conflits --chacun doit faire preuve d'empathie, accepter ses responsabilités, réfléchir à des solutions, etc-- et nous n'avons pas eu une seule bagarre depuis huit ans", explique Mark Sorensen, fondateur de l'établissement. "Je dirige des écoles depuis quarante ans et je vous garantis que c'est extraordinaire".
Pour protéger "Mère nature", l'école qui accueille des enfants de la maternelle au collège, génère toute son électricité grâce à deux éoliennes et à 300 panneaux solaires.
Un choix idéologique mais aussi une nécessité: il n'y avait pas de réseau électrique dans ce bourg perdu à 40 kilomètres de Flagstaff, au bord de la Nation Navajo, plus grande réserve amérindienne du pays.
M. Sorensen, ardent écologiste, a fondé la Star il y a 17 ans avec sa femme sur ce qui était à l'époque une décharge automobile, en finançant le premier bâtiment avec sa carte de crédit.
Le campus a grandi et compte notamment un gymnase et une serre où les élèves cultivent légumes et herbes aromatiques ensuite dégustés à la cantine. Ils apprennent ainsi à vivre en mode "renouvelable" et se familiarisent aussi avec des légumes ayant quasiment disparu des tables de la région, véritable désert alimentaire.
La communauté Navajo, en proie à de multiples problèmes (pauvreté, drogue, alcoolisme, violence domestique, diabète entre autres), souffre encore du "traumatisme historique".
Au milieu du XIXème siècle, environ 9.000 Navajos ont été chassés de leurs terres ancestrales par l'armée américaine, déportés pendant la "Longue Marche" de 500 km pour être internés à Fort Sumner au Nouveau-Mexique. Un traité signé en 1868 les a autorisés à rejoindre une réserve, la Navajo Nation.
Domination anglo-saxonne
Mais leurs enfants ont été envoyés dans des pensionnats où leur langue natale était bannie.
"C'est un modèle qui a été utilisé partout dans le monde, en Australie avec les Aborigènes, par exemple. Ça a créé beaucoup de douleur et de colère envers l'école chez les familles amérindiennes", rappelle M. Sorensen.
Des établissements comme le sien s'efforcent aujourd'hui de raviver cette culture menacée par la domination anglo-saxonne.
Son école, explique-t-il, s'emploie à former de jeunes adultes qui sauront "résoudre les problèmes locaux, que ce soit la santé ou la pauvreté".
Pour le diplôme de fin de collège, chaque élève doit réaliser un projet scientifique pour "servir leur communauté": l'école a obtenu une bourse Samsung récompensant les travaux d'un groupe ayant réalisé un système de climatisation à faible coût et peu gourmand en énergie avec un simple seau.
La Star School subit toutefois des tensions internes à cause d'entrechocs entre ses diverses missions.
Pour garder ses financements, elle doit afficher des moyennes au moins égales à celles des écoles publiques locales mais elle n'affiche pour l'instant qu'un C sur une échelle de A à F, dans un État parmi les pires pour l'enseignement, selon le site de référence US News.
Des enseignants "occidentaux" déplorent que l'attention portée aux traditions empiète sur les cours dédiés à l'apprentissage de la lecture ou des mathématiques.
A l'inverse, des professeurs Navajo se plaignent que seulement deux heures hebdomadaires soient consacrées à l'étude de leur langue menacée d'extinction.
"On vous dit quoi enseigner, que ceci est plus important que cela et c'est toujours la culture occidentale dominante", constate Revalane Nez, une enseignante, qui aimerait pouvoir initier ses élèves aux figures héroïques Navajos, aux constellations, etc.
Elle tente de transmettre son héritage à travers un club culturel après l'école, un voyage nature et santé au printemps, un stage de dialecte Navajo qui, dans beaucoup de familles, n'est parlé couramment que par les grands-parents.
"Les écoles jouent un grand rôle pour redynamiser les langues mais les parents ont la responsabilité de parler en Navajo à leurs enfants", estime Mme Nez.
La course peut toutefois être gagnée: à Hawaï, par exemple, les autorités locales sponsorisent des écoles publiques amérindiennes bilingues qui ont revitalisé avec succès les dialectes locaux.
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