Dans L'enlèvement au sérail de Mozart, présenté au Théâtre des arts à Rouen du 3 au 10 avril 2018, Konstanze fiancée de Belmonte est vendue au pacha Sélim pour son plaisir. Cet opéra-comique relate le sauvetage de Konstanze. C'est en janvier dernier qu'Emmanuelle Cordoliani et son équipe, scénographe, costumier et créateur lumière, donne vie à une version inédite de l'œuvre de Mozart. La metteure en scène qui s'est déjà attelée à l'adaptation de nombreux opéras de Mozart prend ici le parti de déplacer l'intrigue amoureuse dans un cabaret viennois des années folles. Elle répond à nos questions :
Qu'est ce qui vous a séduit dans cette œuvre de Mozart ?
"C'est un singspiel, c'est-à-dire une comédie en musique ou un opéra-comique. Cette forme particulière trouve difficilement une traduction exacte dans la langue française. Elle se distingue par la façon dont alternent les textes parlés et les passages chantés. On retrouve ce mode d'écriture dans Zaide de Mozart que j'avais également présenté il y a dix ans au Théâtre des arts de Rouen. J'ai choisi de tirer parti de ce décalage constant entre deux modes d'expression. L'action se passe dans un cabaret dans lequel les protagonistes se mettent en scène dans des numéros traditionnels mais, entre deux numéros, ils se livrent dans un cadre plus intime, hors représentation."
Pourquoi avez-vous choisi de transposer l'intrigue dans cet espace-temps ?
"On ne joue pas sur instruments anciens donc quand on choisit aujourd'hui de mettre en scène un opéra de Mozart, on est bien contraint de le transposer, c'est inévitable. J'ai choisi de placer cette intrigue à Vienne dans une période de l'époque moderne ou le brassage culturel équivaut à celui qu'a pu connaître Mozart à son époque : un climat de circulation libre entre l'orient et l'occident dans lequel la ville de Vienne joue le rôle de liaison entre ces deux univers."
Quelles sont les références esthétiques dans lesquelles vous puisez ?
"Dans les années 20 la comédie musicale existe déjà, c'est une déclinaison du Singspiel. Bien entendu j'y fais référence mais on retrouve aussi une esthétique cinématographique dans mes choix de mise en scène. Dans cette version, le pacha Selim évoque le patron mafieux du Cotton club toujours assisté par son garde du corps, le gardien Osmin dans l'œuvre de Mozart. Je cite également Victor et Victoria, on retrouve la dialectique du travestissement ainsi que des chorégraphies librement inspirées par celles de Pina Bausch. Puisque l'intrigue voit le jour dans un cabaret, cela me permet aussi de donner à voir des numéros traditionnels du genre : théâtre d'ombres, meneuse de revue, magie ou marionnette.
Dans quelle mesure le livret a-t-il été réécrit ?
"Nous avons accordé un rôle beaucoup plus important au pacha. Dans la version originelle, ce personnage ne chantait pas, il était interprété par un acteur mais était finalement très peu présent sur scène. Le texte a été très largement remanié pour valoriser le travail des jeunes chanteurs engagés pour les rôles-titres, donner plus de fluidité au texte et donner davantage de modernité au sujet. On évoque en toile de fond le choc des cultures mais l'islam n'est pas caricaturé comme il l'était dans la première version. Nous incluons de très beaux poèmes soufis dans le livret et nous privilégions également une cohabitation linguistique pour mettre en avant le cadre cosmopolite : on entend bien sûr de l'allemand mais aussi de l'anglais ou de l'espagnol."
Pratique. Mardi 3 avril et vendredi 6 avril à 20 heures. Dimanche 8 avril à 16 heures et mardi 10 avril à 20 heures. Théâtre des arts à Rouen. Tarifs 10 à 68 €. www.operaderouen.fr
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