Alors qu'en tout, 107 diplomates russes ont été expulsés par les Etats-Unis, 14 pays de l'Union européenne mais aussi l'Ukraine et le Canada, Moscou a immédiatement dénoncé un "geste provocateur" qui "témoigne de la poursuite d'une ligne de confrontation visant à aggraver la situation" et promis de riposter à son tour, au risque de relancer la guerre des sanctions avec les Américains et leurs alliés.
"Nous l'avons déjà dit et nous le répétons: la Russie n'a jamais eu et n'a rien à voir avec cette affaire", a déclaré le Kremlin.
Avec l'expulsion de 60 "espions" russes, Washington mène, et de loin, le mouvement, dans sa manifestation de "solidarité" la plus marquée avec Londres depuis l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, et ce malgré les réticences persistantes de Donald Trump à critiquer frontalement son homologue russe Vladimir Poutine.
Un haut responsable américain a annoncé que 48 "agents de renseignement connus" dans diverses missions aux Etats-Unis et 12 de plus à la mission russe de l'ONU avaient sept jours pour quitter le pays.
"Les Etats-Unis sont prêts à coopérer pour bâtir une meilleure relation avec la Russie, mais cela ne peut que se produire si le gouvernement russe change d'attitude", a commenté la porte-parole de la Maison Blanche.
Côté européen, "des mesures supplémentaires, incluant de nouvelles expulsions, ne sont pas exclues" après cette opération "concertée", a prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk.
La France, l'Allemagne et la Pologne ont ainsi demandé chacune à quatre diplomates russes de partir, suivies par de nombreux pays comme la République tchèque, les pays baltes, l'Italie ou encore les Pays-Bas. L'Ukraine, où un conflit armé avec des séparatistes prorusses est en cours depuis 2014, en a chassé 13, et le Canada, membre de l'Otan, en a déclaré quatre autres persona non grata.
"Arme chimique"
"Pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, une arme chimique a été employée en Europe", a souligné le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, "une telle attaque ne peut rester sans conséquences".
Le Royaume-Uni, qui avait déjà expulsé 23 diplomates russes et annoncé le gel des relations bilatérales, a salué la "réponse extraordinaire" de ses alliés. Cela "constitue le plus grand mouvement d'expulsion d'agents russes de l'histoire, et permet de défendre notre sécurité partagée", s'est réjoui le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.
L'empoisonnement de l'ex-agent double russe le 4 mars à Salisbury a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou et Londres, qui l'attribue aux autorités russes. Les dirigeants de l'UE sont tombés d'accord en fin de semaine dernière "pour considérer, avec le gouvernement britannique, que la Russie est très probablement derrière l'attaque de Salisbury et qu'il n'y a pas d'autre explication possible".
Le président américain s'était lui montré moins catégorique. Son appel à Vladimir Poutine pour le féliciter de sa réélection, la semaine dernière, a même été critiqué aux Etats-Unis car Donald Trump avait préféré éviter le sujet délicat de l'empoisonnement de Salisbury, préférant évoquer l'organisation d'une rencontre pour tenter de désamorcer des tensions sans précédent depuis la Guerre froide, notamment autour de l'Ukraine et du conflit syrien.
"Bien s'entendre avec la Russie (et d'autres) est une bonne chose, pas une mauvaise chose", avait dû se justifier le milliardaire républicain, dont la promesse de rapprochement avec Moscou s'est heurtée depuis son arrivée à la Maison Blanche début 2017 à l'enquête sur des accusations d'ingérence russe dans son élection et sur des soupçons de collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin. "Ils peuvent nous aider à résoudre des problèmes avec la Corée du Nord, la Syrie, l'Ukraine, le groupe Etat islamique, l'Iran, et même la course aux armements à venir", avait-il estimé.
"Solidarité indéfectible"
Mais les élus du Congrès des deux bords, qui ne cessent de faire pression pour que l'administration durcisse le ton, semblent avoir eu raison de ses réticences.
"Nous prenons ces mesures pour démontrer notre solidarité indéfectible avec le Royaume-Uni, et pour imposer à la Russie de sérieuses conséquences pour ses violations continuelles des normes internationales", a expliqué le département d'Etat, qui a également ordonné la fermeture du consulat russe à Seattle, sur la côte ouest des Etats-Unis, en raison de la proximité d'une base de sous-marins et d'une grande partie des installations industrielles de Boeing.
"Les Etats-Unis en appellent à la Russie pour qu'elle assume la responsabilité de ses actes et fasse la démonstration qu'elle est capable d'être à la hauteur de ses engagements et responsabilités internationaux en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unies pour maintenir la paix et la sécurité", a-t-il ajouté.
L'administration démocrate de Barack Obama avait expulsé 35 agents russes en décembre 2016 pour punir Moscou de son ingérence dans la présidentielle américaine, juste avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Dans un premier temps, Vladimir Poutine avait choisi de ne pas riposter, laissant sa chance au nouveau président américain, mais devant l'absence d'embellie dans les relations, la guerre des sanctions avait été relancée à l'été.
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