Dans une école du quartier huppé d'Héliopolis, placée sous haute sécurité, le président Sissi, 63 ans, a voté dès l'ouverture des bureaux, à 09H00 (07H00 GMT). Il n'a fait aucune déclaration à la presse.
Son unique adversaire Moussa Mostafa Moussa, 65 ans, un soutien notoire de M. Sissi qui dit s'être présenté pour éviter au président de se retrouver seul en lice, a fait de même dans l'après-midi, dans un bureau du centre du Caire. "J'appelle tout le monde à participer avec force pendant ces trois jours", a-t-il déclaré à la presse, se disant "optimiste" sur son sort.
En matinée, le Premier ministre Chérif Ismaïl a également voté à Héliopolis. "Rien ne fera peur au peuple égyptien, ni les attaques terroristes ni quoi que ce soit d'autre", a-t-il déclaré en sortant du bureau de vote. "Grâce à Dieu, le taux de participation sera élevé".
Devant l'absence de compétition réelle, les regards se tournent lundi vers le taux de participation. A la dernière présidentielle, il n'avait atteint que 37% après deux jours, incitant les autorités à prolonger de 24 heures, pour atteindre 47,5%.
Récompense
Preuve de l'importance de la question, la gouverneure d'Al-Bahaira (nord) Nadia Abdo, a assuré avoir dit aux responsables locaux que les localités au fort taux de participation seraient récompensées: "nous leur fournirons l'eau, l'assainissement (des eaux usées), l'électricité", a-t-elle affirmé dimanche à la télévision.
Aucune donnée officielle n'était encore disponible lundi en milieu d'après-midi.
Lors d'une conférence de presse, Mahmoud el-Chérif, porte-parole de l'Autorité nationale des élections a évoqué la "forte participation" au Caire, à Guizeh, à Alexandrie (nord) et à Assouan (sud) ou encore dans le nord du Sinaï.
Un peu plus tôt dans la journée, des supporteurs de M. Sissi ont dansé en brandi des drapeaux égyptiens devant plusieurs bureaux de vote du Caire.
Dans un pays confronté à des attaques jihadistes depuis 2013 et où le groupe Etat islamique (EI) a promis de s'en prendre à des lieux liés aux élections, les opérations de vote se déroulent sous haute surveillance.
Détecteurs de métaux et soldats en armes à l'entrée, véhicules blindés stationnés dans plusieurs points de la capitale: les mesures de sécurité prises par les autorités étaient ostensibles.
Samedi, deux policiers ont été tués dans un attentat à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays. L'attaque n'a pas été revendiquée mais six suspects islamistes ont été abattus dimanche, selon le ministère de l'Intérieur.
Quelque 60 millions d'électeurs, sur les près de 100 millions d'habitants du pays le plus peuplé du monde arabe, sont appelés à voter sur trois jours.
Les résultats officiels seront proclamés le 2 avril.
M. Mostafa Moussa s'était déclaré candidat à la dernière minute, en se défendant d'être une "marionnette". Auparavant, tous les autres candidats potentiels ont été écartés, emprisonnés ou découragés.
Dans un entretien télévisé la semaine dernière, M. Sissi a affirmé que l'absence de concurrents sérieux n'était pas de son fait. "J'aurais aimé que soient présents un, deux, trois ou 10 des meilleurs" candidats.
Lors de sa campagne, le président a multiplié les apparitions théâtrales lors d'événements largement diffusés à la télévision et relatés dans les journaux.
Les villes, en particulier Le Caire, sont inondées de portraits du chef de l'Etat, objet d'un culte de la personnalité, à côté de rares affiches de son adversaire.
Nombre d'Egyptiens qui soutiennent M. Sissi estiment qu'il est l'artisan du retour au calme dans le pays après le chaos ayant suivi la révolution de 2011 et la chute de Hosni Moubarak.
Dès le début de son premier mandat, le président avait promis de ramener la stabilité, y compris économique.
Réformes douloureuses
Un ambitieux mais douloureux programme de réformes, avec dévaluation de la monnaie et diminution des subventions d'Etat, a été entrepris en 2016. Ces mesures ont entraîné une flambée des prix affectant durement les Egyptiens.
Sur le plan sécuritaire, le pays a été frappé par de nombreux attentats jihadistes depuis 2013, après la destitution par l'armée, alors aux mains de M. Sissi, de l'islamiste Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement mais vite devenu impopulaire.
Une vaste opération militaire a été lancée en février pour rétablir la sécurité dans le nord du Sinaï, où sévit une branche locale de l'EI. Elle a fait plus de 100 morts parmi les jihadistes mais aussi au moins 20 parmi les militaires, selon des chiffres officiels.
Si la révolution de 2011 avait suscité des espoirs de liberté chez les Egyptiens, sept ans plus tard, M. Sissi dirige aujourd'hui le pays d'une main de fer, réprimant fermement les opposants islamistes, libéraux ou laïques.
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