"Marie-Hélène et Moktaria n'auraient jamais dû mourir. Je suis désolé de ce que j'ai fait et je demande pardon", a déclaré Rançon, comme toujours les yeux vissés vers le sol, pendant les plaidoiries de ses avocats, en clôture des débats.
A l'issue de trois semaines de procès très éprouvantes, souvent au-delà du supportable, l'avocat général Luc-André Lenormand avait requis jeudi la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Mais pour la défense, "ce n'est pas un monstre" mais "un homme, un père de famille. Un homme qui nous a émus" qui doit être jugé. Et seulement pour les faits qu'il a reconnus.
"Vous l'avez regardé, écouté durant trois semaines. Nous l'avions imaginé pendant 20 ans. Je suis convaincu qu'il ne ressemble pas à ce que vous aviez imaginé", à "cet ange de la mort qui avait déposé son trône au centre de Perpignan" et "y régnait comme une bête hideuse", a dit Me Gérald Brivet-Galop aux jurés.
Et l'avocat de déplorer qu'évidemment les jurés, qui ont "vu et entendu beaucoup de choses" ne vont pas pouvoir se détacher de "sa cruauté" qui "le rend étranger à notre intelligence" avec des "mutilations qui "dépassent l'entendement".
Quant aux explications des crimes, l'avocat n'en a pas données. Il ne croit pas à la thèse du "pervers sadique". Et de s'interroger sans apporter de réponse avec son confrère Me Xavier Capelet sur les raisons qui ont permis à Rançon, pour le moins "un violeur récidiviste", d'en arriver là.
En outre, Me Brivet-Galaup s'est interrogé sur l'intérêt même de ce procès. "L'œuvre de justice est peut-être avant tout œuvre d'humanité", a-t-il affirmé, tandis qu'un membre de la partie civile a grondé un "ta gueule" et que plusieurs ont quitté la salle.
Des "mystères"
Jeudi, dans ses réquisitions, l'avocat général avait lancé : "Jacques Rançon n'a plus rien à faire dans cette société, où le droit à la vie est un droit inaliénable".
Celui que les policiers ont mis 17 ans à identifier est jugé depuis le 5 mars pour les viols et les meurtres de Moktaria Chaïb, 19 ans, et de Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, accompagnés d'atroces mutilations. Il est également accusé d'une tentative de meurtre sur une troisième femme, laissée pour morte, et d'une tentative de viol sur une quatrième jeune fille. Des crimes commis entre 1997 et 1998.
Pour l'avocat général, Rançon, 58 ans, ne devra bénéficier d'aucune circonstance atténuante. Pas même en raison de son enfance miséreuse en Picardie, passée sans aucun ami dans la vieille maison en bois où il partageait la chambre de ses parents jusqu'à 18 ans.
A ses yeux, cet ancien cariste-magasinier, resté le plus souvent prostré dans le box vitré, a "une dimension sadique". Et d'expliquer que Rançon passe à l'acte parce qu'il "ne supporte pas le refus, "n'a pas de compassion pour l'autre" et veut montrer "sa toute puissance en emportant les organes", allusion au meurtre de Marie-Hélène, une auto-stoppeuse de 22 ans. La tête et les mains de la jeune femme avaient été retrouvées à 20 km de la scène du crime des mois plus tard.
Selon M. Lenormand, l'arme utilisée par Rançon s'inscrit aussi dans de ce "sadisme" : "Le couteau que vous utilisez pour agresser vos victimes, c'est l'arme des sadiques", a-t-il fait valoir.
Dans son réquisitoire, le magistrat a reconnu qu'il restait des "mystères sur Rançon". La police et les juges ont cherché à savoir s'il n'avait pas commis d'autres crimes. Mais ils n'ont pu l'incriminer. Seulement M. Lenormand reste sceptique. Il s'est interrogé en particulier sur le meurtre en 1982 d'une étudiante auto-stoppeuse finlandaise.
A LIRE AUSSI.
"Disparues de Perpignan": le présumé "tueur de la gare" devant les assises
"Disparues de Perpignan": ouverture du procès du "tueur de la gare"
"Tueur de Perpignan": "Les peurs sont toujours là", témoigne la première victime
"Tueur de la gare de Perpignan": de l'enfance miséreuse à l'horreur des crimes
"Disparues de Perpignan": Rançon demande pardon à l'une de ses victimes
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.