Après avoir écrasé sous un déluge de feu la Ghouta dans le cadre d'une offensive qui a permis au régime de reconquérir plus de 90% des territoires insurgés, le pouvoir de Bachar al-Assad a imposé des accords d'évacuation parrainés par son allié russe.
Quelque 6.400 personnes, combattants accompagnés de leurs familles mais aussi d'autres civils, ont quitté samedi et dimanche la poche rebelle dans le sud de la Ghouta, tenue par la faction islamiste de Faylaq al-Rahmane, en direction de territoires rebelles dans le nord-ouest du pays.
Un soldat russe avait pris place dans chacun des bus transportant les évacués, a constaté un correspondant de l'AFP, un signe de la très forte implication de Moscou dans l'offensive et les négociations qui en découlent.
Les évacuations dans cette poche sud doivent se poursuivre lundi, a indiqué à l'AFP le porte-parole de Faylaq al-Rahmane, Waël Alwane.
Beaucoup d'évacués étaient en pleurs, dimanche, en faisant leurs adieux aux membres de leurs familles ayant choisi de rester sur place dans le cadre de la politique de "réconciliation" des autorités.
"Nous abandonnons nos foyers, nous n'avons plus d'argent, plus de maison, même plus de vêtements à emporter à cause des bombardements", a témoigné Hamza Abbas, un civil.
"Mais comment accepter de vivre avec ceux qui ont massacré ma famille et mes amis? Qui ont détruit mon avenir?".
Avec l'offensive lancée par le régime le 18 février, les derniers territoires insurgés ont été mis à genoux. Plus de 1.600 civils ont été tués dans les raids aériens et tirs d'artillerie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Divergences rebelles
Lorsque cette évacuation massive sera terminée, les rebelles ne seront plus présents que dans une seule poche dans la Ghouta, autour de Douma, la plus grande ville du secteur, tenue par Jaich al-Islam, groupe islamiste qui a entamé des négociations avec l'allié russe.
Selon l'OSDH, contrairement aux accords conclus jusque-là dans la région, les pourparlers pourraient aboutir au maintien à Douma de ce groupe en échange de son désarmement, avec le déploiement de la police militaire russe, le retour des institutions du régime et des services de base (eau, électricité), mais sans que l'armée syrienne n'y pénètre.
Les rebelles qui refuseraient de déposer les armes bénéficieraient d'un "accord d'évacuation", d'après la même source.
"Les négociations se poursuivent mais elles sont retardées par des divergences au sein même du groupe rebelle", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Parmi les dirigeants de Jaich al-Islam, "certains sont opposés à un accord. La mort avant-hier (samedi) de cinq soldats syriens tués par des francs-tireurs serait liée aux tentatives de sabotage par le camp dur", a-t-il ajouté.
Une nouvelle rencontre est prévue dans les prochains jours entre un comité local de Douma mis sur pied pour mener les négociations et l'allié russe du régime, selon un correspondant de l'AFP.
"Les négociations en cours sont destinées à assurer notre maintien et non notre sortie", a insisté le porte-parole de Jaich al-Islam, Hamza Bayrakdar.
"Dénuement total"
Pour le quotidien pro-étatique Al-Watan, une "entente préliminaire" a été trouvée après des "négociations intensives", les deux parties se donnant trois jours pour étudier les termes de l'accord.
Le sort des habitants reste suspendu à celui des pourparlers. Plongés dans l'incertitude, 16.000 habitants ont déjà choisi l'exode vers les zones contrôlées par le régime au cours des six derniers jours, selon l'OSDH.
"Je pars parce que je suis malade, mais aussi parce que nous vivions dans une situation de dénuement total, nous avons faim", a témoigné à l'AFP Fayez Ali Thaljé, 53 ans, au moment de son départ de Douma.
En une dizaine de jours, près de 110.000 civils ont fui les combats dans la Ghouta, via des couloirs mis en place par les autorités syriennes. L'enclave rebelle comptait environ 400.000 habitants avant le début de l'offensive.
Le gouvernement syrien avait fait en début d'année une priorité de la reconquête de cet ancien verger de la capitale, une des premières régions où se sont déroulées des manifestations contre le régime en 2011.
Depuis leurs positions, les rebelles tiraient régulièrement obus et roquettes meurtriers sur Damas.
La guerre en Syrie a fait depuis 2011 plus de 350.000 morts et conduit des millions de personnes à l'exil.
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